Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.
ISBN : 978-2-84705-194-0
EAN : 9782847051940
13x21cm, 176 p., 17 €
5 hommes, 2 femmes, 1 narrateur ou narratrice peut-être ou 2
Publié avec le soutien du Centre national du livre
2020
C’est l’histoire d’une famille qui habite une ville du cercle polaire, ils ont un ami qui est docteur. En fait, ce n’est pas vraiment une famille, on nous raconte que la femme est mariée avec un ours. Pourquoi pas ? Il travaille dans une banque.
Coïncidence, deux fameux banquiers français arrivent en ville. Plus tard, ils s’écharpent avec un prix Nobel d’économie, un vrai. Le docteur brillant neurologue bibliomane – c’est une note de bas de page qui l’affirme – aimerait lui emprunter de l’argent pour assouvir sa coupable passion. Une grand-mère – on ne sait de qui – est férue d’Hitler.
Il y a encore un enfant, mais il n’a pas une ligne de texte à dire. Et puis un chien, qui renifle le bas des pantalons.
Et au bout du compte, on se retrouve à la fois devant, et à l’intérieur des personnages ; on pénètre en eux, malgré eux, à la faveur des remarques du narrateur. Car il y a un narrateur qui nous raconte tout ce théâtre.
Mais l’essentiel n’est-il pas plutôt le spectateur – ou le lecteur – qui se fait trimbaler. Pourquoi on lui répète ? En plus il ne se passe pas grand-chose, ça parle et parfois il décroche.
C’est décomplexé, il y a plusieurs histoires qui s’amusent. Histoire de la langue qui se dérobe et patine dans la bouche des personnages. Histoire de l’histoire qui n’en finit pas de se répéter et qui avance par reculades successives. Histoire du spectateur qui résiste ou se laisse emporter. Résiste quand le sens lui résiste ou se laisse emporter en acceptant la complexité, la rémanence, les réminiscences, l’examen discret de son voisin de fauteuil ou son propre intérêt.
Pièce écrite à la suite de Partir en écriture, commande du Théâtre de la Tête noire (Saran), scène conventionnée pour les écritures dramatiques contemporaines, dirigé par Patrice Douchet, à partir d’une résidence d’écriture à Longyearbyen (archipel du Svalbard), en février 2007.
Elle est terminée pour la publication début 2020.
Une première version du texte a reçu le 13e Prix d’écriture théâtrale
de Guérande, en 2013, sous le titre La Ville de l’année longue, et a
été mis en scène par Laurent Maidon (Théâtre du Rictus) en 2015.
« Ovni polaire
Les conversations flamboyantes d’une improbable communauté humaine. Où les voix se font et se défont.
L’action de la pièce se déroule en Norvège, à Longyearbyen, la ville la plus au nord de l’Europe (…) [Il s’t] trouve une maison dans laquelle vivent quatre personnages : une femme, un ours blanc qui a travaillé dans une banque et qi est son mari, une grand-mère admirative et nostalgique d’Hitler et une enfant dont on parle parfois mais qui ne dit mot. Plus un chien.
Ils seront rejoints par le docteur, neurologue, bibliomane et comédien amateur, puis par deux banquiers cherchant à échapper à une tempête de neige et enfin par le prix Nobel d’économie 2001Stiglitz. Le vrai. (…)
Et tous, ainsi rassemblés pour échapper au froid et à la nuit polaire, vont dire, redire, rabâcher, dire encore mais différemment, expliquer, contredire, affirmer, réfléchir, tandis qu’une grand baie vitrée leur prouve en permanence qu’ils sont bien là où ils sont ; et que me onde dont il parle est de l’autre côté, à l’extérieur.
Leur propos sont précisés par des didascalies, dont le texte fourmille, et qui viennent ponctuer, interrompre, expliquer, prolonger voire remplacer le texte. Elles font partie intégrante de l’œuvre et leur singularité apparait uniquement par la mise en italique.
Enfin, les notes de bas de page jouent un rôle tout aussi important et ouvrent la lecture sur des références littéraires, politiques, musicales ou cinématographiques.
Et ces trois modes d’écriture, et donc de lecture, se complètent si bien que nous avons au total en face de nous un texte dense, aux bifurcations incessantes, et qui nous surprend, nous interpelle et nous maintient constamment en éveil. (…)
William Pellier s’amuse avec ces différents mode de lecture (…) jongle avec les codes pour mieux approcher le langage, sa structure, les sens possibles qu’il véhicule mais aussi la manière dont il est perçu ou non par l’auditeur à travers les jeux de mots, les sous-entendus, les phrases à double sens, les conversations parallèles, le répétitions ou les divagations verbales. (...)
Texte foisonnant, dense, ludique et savant qui nous entraine sur des chemins que l’on ne s’attendait pas à parcourir (…)
C’est une œuvre puissante, déroutante, et d’une grande richesse. »
[Patrick Gay-Bellile, Le Matricule des Anges, n°219, janvier 2021]