Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

L’inversion des dents

ISBN : 978-2-84705-146-9
EAN : 9782847051469

13x21cm, 32 p., 7 €

2016

"Une voix de femme, c’est le moyen que j’ai trouvé pour exprimer ce que la mienne n’était pas capable de produire, le médium à la fois le plus proche et le plus éloigné de ce que je suis, l’autre sexe, le mystère. Il fallait une force qui me soit familière et qui puisse aller au-delà de mes propres ressources. J’ai supposé que je pouvais le faire avec une voix qui avait forcément beaucoup plus d’élan et d’explosivité, depuis le temps qu’on la réprime et à laquelle je prêterais la capacité d’exprimer ma peur.

La violence vient de ce que j’entends dans la radio à l’heure des informations où les mots semblent épuisés et leur réprésentation, indistincte et hygiénique. Comme s’il n’était pas supportable, le sens se perd derrière la profusion et l’habitude. Pour parler de la réalité, le mot doit être à la hauteur de l’acte qu’il y a derrière. Il doit dire l’ordure, la dégueulasserie. Viol, massacre, famine, exode, bateau même. Le mot doit hurler, chaque mot doit hurler. Sinon, c’est de la trahison, de la conversation de salon. Mais quel langage employer pour dire l’horreur sans être dans l’horreur, sans dégoûter ? Quel mot peut en remplacer un autre qui semble tout dire ?

Ce sont les nouvelles du monde, que nous écoutons d’une oreille totalement plate parce qu’il faut continuer à vivre. Nous prenons les informations et laissons les événements à ce qu’ils sont. Nous nous tenons informés, c’est notre courage. Notre courage loin du carnage."

Jean Cagnard

Extraits de presse

« Jean Cagnard travaille le langage pour dire l’horreur du monde, sa violence et notre indifférence.

Ses mots doivent « hurler » et résonner pour « parler de la réalité », afin de ne pas trahir et n’être que « de la conversation de salon ».

Ici, l’auteur utilise la voix de la femme – « le médium à la fois le plus proche et le plus éloigné de ce que je suis, l’autre sexe, le mystère » – pour se donner une force décuplée, capable de reproduire le carnage de notre civilisation. »

[ L’Avant-scène Théâtre, n°1430, été 2017]

Vie du texte

Lecture par Catherine Vasseur, Théâtre de la Manufacture, Avignon, le 13 juillet 2018.


Création par la Compagnie 1057 roses.
Conception et recherche : Fabienne Augié, Cécile Marc, Catherine Vasseur
Mise en scène et jeu : Catherine Vasseur ; scénographie : Cécile Marc ; photographie/images : Fabienne Augié.

— Myx’art Myrys, Toulouse : les 9 et 10 novembre 2018
— Théâtre du Périscope, Nîmes : 15 et 18 novembre 2018

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