Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Votre regard

ISBN : 978-2-84705-122-3
EAN : 9782847051223

13x21cm, 48 p., 10 €
monologue pour un homme

2016

Un homme est au chevet d’une femme qu’il ne connaît pas. Il la veille. Il l’a raccompagnée chez elle alors qu’elle criait, hurlait en pleine rue, sans autre attention. Maintenant, elle est étendue sur le canapé de son appartement, un couteau enserré dans sa main, silencieuse, endormie peut-être – comme l’enfant sans doute dans la pièce à côté.

L’homme parle. Il raconte ce qu’il imagine de la vie de cette femme, de sa douleur. Il évoque sa propre vie d’émigré sans papier, l’exil, l’absence de travail et de toit et son besoin de lire. Il prononce des mots apaisants pour elle, et c’est sa propre peur d’homme traqué au bord de la folie – comme elle tout à l’heure – que l’on entend.

Votre regard est l’histoire d’une rencontre, d’un sauvetage, de deux êtres qui laissent advenir une part oubliée de leur humanité.

Distinctions

Texte « coup de cœur » du Théâtre de la Tête noire, Saran, 2015.


Texte sélectionné pour le fond théâtre du Panta Théâtre, Caen, mai 2017.

Extrait de presse

« J’emprunte à l’auteur de l’épigraphe inaugurale du texte de Cédric Bonfils, l’idée que « nous sommes tous des isolés » mais cet isolement peut être brisé. Elle me sert de titre car c’est sans doute de cela dont il est question dans ce court monologue ou plutôt dans cette adresse à l’autre, qui cherche la réponse toujours de celle qui jamais ne fera entendre sa voix.

Le locuteur est un homme, qui peu à peu se dévoilera, comme la nuit va vers l’aube et une femme sans nom qui dort sur un canapé dans son appartement, un inquiétant couteau dans la main. Son enfant dort dans la pièce d’à côté. Il veille sur elle ; il la protège de la violence du monde, de celle d’un homme, de celle de ses cris de ses hurlements. Au début du texte, il lui répète : Ça va aller (p.9 puis 15)

Il est aussi comme « une veilleuse », une lumière jetée sur leurs deux vies. Il ne cesse de l’interroger avec sollicitude sur son état (les phrases interrogatives sont très nombreuses). Quant à lui, il va par bribes découvrir ce qu’est son existence. Sa parole se constitue de blocs suivis d’espaces, d’élans à nouveau pris vers cet échange nocturne dont la matière est silence et parole. (…)

L’homme qui dit et la femme qui se tait sont seuls au monde, à l’extérieur du monde (…) Le regard sera le Lien (…) »

[Marie Du Crest, La Cause littéraire, février 2016]


« C’est un texte très mystérieux et très intrigant. Bien que la situation semble figée, que l’homme ne parviendra jamais à obtenir de réponse ou de réaction de la femme, la co-présence de ces deux êtres gagne en complexité et interprétations possibles. On se demande si la femme fait semblant de dormir, dort réellement ou est morte, si l’homme est son sauveur, son assassin, un fou, un homme souffrant de solitude…

L’auteur permet, à travers de petits signes, des allusions, des répétitions ou des silences à sous-entendre tout un univers et déplace sans cesse les quelques repères que le spectateur a réussi à se créer. A mes yeux, une des grandes réussites de ce texte est d’avoir réussi à faire cohabiter plusieurs niveaux de lecture possibles et simultanés sans rien sacrifier : fable sur un dialogue entre le Nord et le Sud, sur la France et l’immigration, réflexion sur la présence de l’autre et de ce que nous suggère le corps, essai sur la parole et ses limites, ou simple histoire d’une brève rencontre entre deux individus...

Le texte est par ailleurs écrit de manière très réussie, l’auteur ayant réussi à trouver un équilibre entre une prose suffisamment abstraite pour permettre la polysémie et assez précise et concrète pour ne pas désincarner complètement la situation. Un travail de reprise, de rythme entraîne le lecteur dans l’approfondissement de la situation. Bref, c’est un texte qui m’a paru très stimulant et très riche. »

[ Comité de lecture du Panta Théâtre, Caen dirigé par Simon Grangeat, mai 2017]


« La pièce de C. Bonfils, Votre regard, et plus encore la mise en scène de Guillaume Béguin, interrogent, quant à eux, la matière même du théâtre. Le monologue est une forme fort répandue dans le théâtre d’aujourd’hui ; certes des impératifs économiques expliquent le phénomène mais cette donnée ne suffit pas à comprendre les enjeux dramatiques qui sont à l’œuvre.

Qu’est-ce que le théâtre ? C’est parler à qui ? Et comment ? Pour beaucoup, il est fondé sur l’échange de la parole et du regard sur le plateau et en direction des spectateurs.

Dans le texte de Bonfils, un homme (un africain du Congo) est entré chez une femme qui criait sur le palier. Il ne cesse de vouloir susciter son attention, de provoquer des réponses à ses questions (« Parlez-moi de vous »). Artifice du soliloque.

Dans la mise en scène, G. Béguin a tenu à incarner ce vide, cette absence, ce creux du texte. Une jeune comédienne, dès le début de la représentation, est assise contre le mur de scène, côté cour, à bonne distance de celui qui ne fait que parler. A plusieurs reprises, elle va se lever, comme pour escalader cette paroi qui l’enferme avec l’inconnu, en tournant le dos à la salle, et toujours, elle va, dans un éclat violent de lumière, semblable à une décharge électrique, s’écrouler au sol. L’homme ne va cesser de l’observer, de tourner autour d’elle comme si cette paradoxale présence théâtrale faisait énigme.

Mais lui aussi est muré dans ce principe du langage sans communication (…) »

[Marie Du Crest, La Cause littéraire, 25 octobre 2017]

Vie du texte

Lecture lors des Lundis en coulisse de la compagnie Les encombrants, Dijon, le 7 mars 2016.


Lecture par l’auteur à la médiathèque de Sainte-Geneviève, Beauvais, le 30 juin 2017 et à la médiathèque de Saint-Just, Beauvais, le 29 septembre 2017.


Création dans une mise en scène de Guillaume Béguin, compagnie De nuit comme de jour, avec Cédric Djedje, au Théâtre de poche de Genève, du 2 octobre au 5 novembre 2017.

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