Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Extrait du texte

Début

ses mains

ses mains oh oui c’était ses mains la chaleur de ses mains et son sourire il marchait devant moi à la sortie du parc le kiosque la vaste palmeraie je le suivais il l’a senti là-bas on ne peut pas se tenir par la main comme ça pas dans les rues dans un recoin nous nous sommes caressés nos mains et tu m’as dit Mais quelle coïncidence avec un grand sourire un sourire doux nous avons ri d’un frémissement commun il faisait chaud oui tellement chaud la couleur sur les murs ces portes bleues ces chants lointains les enfants sautent du haut des ponts dans les rivières ils vendent des fruits des grosses pastèques ou des melons au bord des routes le vol à pic des sternes la joie dans le vent là-bas je l’ai aimé j’allais vers lui le lendemain les jours d’après je le suivais je courais dans les rues je l’ai rejoint partout nous marchions vers la plage la blancheur sur les dunes ses traces de pas dans le sable j’y jouais à y glisser les miens nous nous baignions on entrait dans la mer on se jetait dans les rouleaux comme les enfants nous nous serrions nos mains oh oui ses mains il les tenait sous l’eau nos yeux fermés et il cherchait mes lèvres il m’embrassait ses mains oh oui c’était ses mains


rencontre

tu la rencontres dans la rue sur les boulevards les avenues un parc un bar une discothèque ou sur ton lieu de travail et tu la reconnais immédiatement à quel geste à quel détail tu ne le sais pas mais cela irrigue ta peau tu le ressens ta peau ne peut pas mentir ni se tromper la peau ces mains oh oui ces mains ces pupilles qui pétillent cette sensation d’un déjà-vu déjà-vécu tu lui offres des fleurs ça court en toi quand tu traverses la place pour la rejoindre tu ris intérieurement les autres forcément le voient tu penses que cela se voit oui c’est sa façon de marcher de se tenir sa manière de parler tu ne te l’expliques pas comment c’est né tu penses C’est elle elle dit C’est lui et tu se sens si libre et si heureux les années avec elle auprès de lui l’amour d’une vie


je t’aime

ces lèvres qui disent Je t’aime [et puis elles osent le demander] à chaque Je t’aime elles osent le demander Et toi ?


parle-moi

je ne savais pas ce qui se passait le soir où je t’ai vu qu’est-ce qui m’attrape et me rattrape comme ça comme si je ne me connaissais pas pourquoi je suis si amoureuse comme ça si amoureuse de toi le soir où je t’ai vu tu réveillas une part en moi que je ne soupçonnais pas il me dévoile tout ce que tu as toujours recherché et voulu taire à l’intérieur de toi tout ce que j’ai toujours recherché et voulu taire à l’intérieur de moi ? je te dévoile tu me dévoiles c’est si énigmatique pour moi d’aller vers toi pourquoi je suis si amoureuse comme ça si amoureuse de toi j’ai vu ton dos j’ai vu tes jambes ’elle je la veux’ je me suis dit ça je t’ai voulue tu m’as voulue je t’ai voulu pareil et tu marchais d’une telle façon mais parle-moi ne t’arrête pas mais parle-moi regarde-moi ne t’arrête pas de me parler

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