Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Notre Décennie

ISBN : 978-2-84705-169-8
EAN : 9782847051698

13x21cm, 96 p., 15 €

Publié avec le soutien du Centre national du livre

2018

Notre Décennie est une trilogie qui dessine un parcours partant de gestes intimes vers des gestes à forte résilience, comme si un personnage unique se déployait d’un texte à un autre. C’est aussi le témoin de ce que le développement des technologies de communication a provoqué dans notre relation à l’autre, au réel, au temps, au monde, de 2009 (premiers smartphones) à nos jours (70% des échanges boursiers sont réalisés par le trading haute fréquence, spécialisé dans la collecte de données).

25 s’inscrit dans la sphère du travail puisqu’il s’agit des suicides des salariés d’Orange.

L’Immobile est la parole d’un homme dans l’espace publique qui s’arrête un instant pour reprendre son souffle et qui reste là, hors des flux.

Dans Rudimentaire, une femme et un homme monologuent dans deux espaces-temps et finissent par se rejoindre sur la grande place d’une ville, déjouant l’affolement médiatique et financier qu’ils ont provoqué.

Distinction

Pièce Coup de cœur 2018 de Théâtre(s), le magazine de la vie théâtrale.


La pièce Rudimentaire est finaliste du Prix Bernard-Marie Koltès des lycéens du Théâtre National de Strasbourg TNS, décerné en avril 2020.

Extrait de presse

A propos de 25

"Ce jeudi 6 juin à 12h30, une lecture à deux voix a eu lieu sur le parvis du tribunal de grande instance de Paris, qui juge actuellement plusieurs ex-dirigeants de France Télécom pour les pratiques managériales qui ont eu cours dans l’entreprise à la fin des années 2000, et qui ont abouti à dix-neuf suicides entre 2007 et 2010 - d’autres suicides ont précédé ceux qui sont évoqués durant le procès. (...)

Le texte met en jeu la tentative de nommer le suicide, ce geste terriblement intime, mais qui répété 25 fois devient une parole, une parole sans mots.

En contre-chant, comme une hypothèse de réponse, le QCM d’un cabinet spécialisé dans la gestion de crise en entreprise..."

[Médiapart, 6 juin 2019]


« La trilogie porte la voix littéraire de ce monde impitoyable de la mondialisation et du management inhumain.

Trois pièces se font écho à travers la contamination des lieux de l’action : Stéphane Bonnard en effet s’attache à montrer du dedans l’organisation du monde du travail qui broie les individus. Dans la première pièce, 25, il sera question du Groupe (tout le monde reconnaît France Télécom devenu Orange derrière ce nom en majuscule anonyme et glaçant), ou dans L’Immobile, de l’architecture presque carcérale des Tours (celles de la Défense ou de La Part-Dieu à Lyon). Et de l’Hôtel particulier en siège de la toute puissance dans la dernière pièce.

Dans les trois opus, nous entendons l’anglais de la communication à travers les grandes métropoles du monde, le même sabir déshumanisé des managers, des traders de tout poil. La forme monologique revient comme étant la seule possibilité langagière : le suicidé en série, dans 25, l’homme à la mallette contre le flux du parvis du quartier des bureaux et des Tours, l’homme et la femme (lui et elle) dont la parole se succède sans échange, sauf à la fin du texte. Le dialogue devient pure trace piégée dans le monologue comme lorsque le père s’adresse à sa fille dans Rudimentaire.

(…) Le titre d’ensemble de la trilogie enfin, Notre décennie, constitue un lien (notre), une continuité temporelle de ce qui est en jeu dans les trois fables dramatiques. Tout cela se passe à notre époque, dans les années 2000.

25

(…)
Le nombre 25 correspond à la litanie des suicidés, victimes de cette hécatombe au sens religieux grec du terme. Chacun, figure du monologue, répète : je suis le premier, le deuxième, et ainsi de suite. Comment parler depuis sa propre mort ? Comment dire quand le corps est mort ? Quand on devient « un fait divers » qui passe à la TV.

Bonnard fait, dans la forme du livre, se confronter cette écriture des morts et celle, sur la page de gauche, en face, contre (quand le volume est refermé), d’une enquête ou sondage d’un cabinet quelconque de gestion des ressources humaines avec son flot de questions en caractères gras qui ignorent les réponses des intéressés et qui devient de plus en plus incisif, menaçant et culpabilisant, dans le resserrement du temps

L’Immobile

L’Immobile, comme Rudimentaire, relève au départ d’objets hybrides entre théâtre, ici forme textuelle, et intervention urbaine menée par KompleX KapharnaüM. (…)

Tout est flux, mouvement incessant, foule anonyme. Face à cette multitude humaine, se dresse la solitude de celui qui parle, qui voit

La solitude du contemplateur pourtant cesse à l’approche d’une femme en jupe noire et chemisier blanc qui vient à lui, le regarde, lui parle même. Mais le flux l’emporte à nouveau. La description impose aussi son espace-temps de la journée à la nuit. La lumière décroît et l’envers du décor de cette société mondialisée fait surgir ces « mauvais génies ». (…)

Le texte peut alors bifurquer (en italique cette fois). Il y a les vies d’avant au village, mais les Tours et tout ce qu’elles impliquent fascinent. Nul ne peut leur échapper, en somme. L’Immobilité a aussi quelque chose à voir avec la mort. Seul l’amour parviendra à sauver l’homme et la femme qui se regardent dans un songe cosmique. Un jour peut-être.

Rudimentaire

(…) L’écriture se fait expression de la conscience du personnage dont les propos sont régulièrement entrecoupés en italiques grisés « de spams » textuels comme autant d’échos parasitaires du monde : digressions sur le foot ; catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique ; économie de marché ; résultats chiffrés sur les medias. La parole de l’homme est d’ailleurs assez longue avant que de laisser à celle de la femme la possibilité de se faire entendre. (…) »

[Marie du Crest, La Cause littéraire, 3 juillet 2019]

Vie du texte

L’Immobile et Rudimentaire sont les points de départ d’objets hybrides entre théâtre et art urbain, portés et diffusés par KompleX KapharnaüM.


Détails sur L’immobile

Auteur / interprète : Stéphane Bonnard
Compositeur / interprète : Marc-Antoine Granier
Collaborateur artistique : Alexandre Plank
Conception / régie générale entresort : Simon Zerbib

Avant-Première au Festival d’Aurillac, en août 2016.
Création au Théâtre Nouvelle Génération de Lyon du 7 au 11 février 2017
— Tournée en 2017 et 2018

L’Immobile est aussi à l’origine d’un cycle de performances urbaines, Les Immobiles


Rudimentaire

Conception : Stéphane Bonnard
avec : Stéphane Bonnard et Géraldine Berger
 guitare : Gilles Laval

Lecture musicale, dans le cadre des Nuits Bleues, partenariat L’Usine et Théâtre Garonne, Toulouse, le 22 décembre 2017.
Lecture musicale à L’Usine à Tournefeuille (31), le 8 septembre 2018.


Rudimentaire

Lecture d’un extrait par les comédiens et comédiennes de l’ENSATT, lors des Douze Heures des auteurs, proposées par ARTCENA, le Festival d’Avignon, la Maison Jean Vilar, France Culture, Festival d’Avignon, Maison Jean Vilar, le 12 juillet 2023.

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