Cette collection, créée en mai 2009, accueille des écrivains déjà publiés dans d’autres collections et de nouveaux écrivains. Elle s’adresse aux enfants du primaire et du début du collège, les textes pour adolescents étant publiés dans les collections Théâtre contemporain et Théâtre en traduction. Elle est aussi tout public.
Prologue
PREMIER CONTEUR
Vieille Racine !
DEUXIEME CONTEUR
Jeune Branche !
PREMIER CONTEUR
Vieille Racine vient d’un chêne, d’un sapin, d’un bouleau, d’un peuplier… on ne sait pas très bien.
DEUXIEME CONTEUR
Jeune Branche vient d’un orme, d’un noisetier, d’un marronnier… on ne sait pas très bien non plus.
PREMIER CONTEUR
Et pourtant, Vieille Racine…
DEUXIEME CONTEUR
et Jeune Branche…
PREMIER CONTEUR
viennent du même arbre…
DEUXIEME CONTEUR
et ça, on le sait.
PREMIER CONTEUR
Vieille Racine ne peut vivre…
DEUXIEME CONTEUR
sans Jeune Branche, et Jeune Branche ne peut vivre…
PREMIER CONTEUR
sans Vieille Racine.
DEUXIEME CONTEUR
Printemps, Été…
PREMIER CONTEUR
Automne, Hiver…
DEUXIEME CONTEUR
nous allons vous raconter...
PREMIER CONTEUR
quelques faits divers.
Le Printemps
PREMIER CONTEUR ET DEUXIEME CONTEUR
Le Printemps.
PREMIER CONTEUR
Pour Vieille Racine,
le Printemps est une saison difficile.
À peine sortie du silence hivernal,
Vieille Racine doit aussitôt se mettre au travail.
Un travail intense.
L’Hiver vient de mourir et le réveil est brutal.
DEUXIEME CONTEUR
Jeune Branche aime le doux réveil du Printemps.
La tristesse s’est envolée,
les nuits sont encore fraîches,
mais durant le jour,
avec beaucoup de timidité,
Jeune Branche pointe le bout de son nez
pour voir le temps qu’il fait.
Lorsque le temps est à la pluie,
Jeune Branche reste dans son lit,
abritée par son écorce.
à la moindre éclaircie,
un peu moins timide,
Jeune Branche ose une sortie,
un peu plus ravie de sentir que les beaux jours reviennent.
PREMIER CONTEUR
« Le plus difficile à passer, c’est la fin du mois de Mars et le mois d’Avril ! »
nous dit Vieille Racine.
« C’est vrai ! C’est à cette période que les giboulées sont les plus violentes. Il peut tomber plus de pluie en un jour qu’il ne peut en tomber durant tout le mois de Septembre. »
Vieille Racine a pour habitude de se plaindre. Même quand tout va bien, Vieille Racine se plaint.
« Il faut bien que quelqu’un s’occupe de tout le monde ! »
répète-t-elle à longueur de journée.
« Si je ne le fais pas, qui va le faire ? Ce n’est
pas l’autre là-haut qui passe son temps à faire l’école buissonnière. »
Vieille Racine est la plus ancienne habitante de l’Arbre.
Elle était déjà là avant même que l’Arbre ne prenne quelques cernes.
Et à l’aube de jeunesse,
Vieille Racine travaillait déjà d’arrache-pied.
« J’ai toujours travaillé durement pour contenter tous les habitants de l’Arbre. Que ce soit
le Grand Tronc, la Famille des Branches, la Colonie des Feuilles, je ne les ai jamais laissé mourir de soif. »
DEUXIEME CONTEUR
« J’ai soif, Vieille Racine, et j’aurais besoin d’eau pour ma toilette. »
Voilà le genre de demande que Jeune Branche se plaît à ressasser à longueur de journée. Surtout au Printemps.
Jeune Branche passe ses journées à se faire belle,
la plus belle possible,
pour accueillir son amie,
son amie l’hirondelle.
« Fais monter un peu d’eau, Vieille Racine, je suis à peine bourgeonnante, et mon amie ne va pas tarder. Je suis impatiente de recevoir mon amie l’Hirondelle la Pie qui, à chaque retour de ses voyages, me fait rêver par ses récits, au plus tard de la nuit. »
PREMIER CONTEUR
« À chaque retour d’Hirondelle la Pie, c’est le retour des insomnies. »
lui répond Vieille Racine.
DEUXIEME CONTEUR
« Un peu d’eau s’il te plaît Vieille Racine ! »
PREMIER CONTEUR
« Ça vient, ça vient, mais pense que tu n’es pas toute seule, Jeune Branche. Je viens tout juste d’achever la mise en réserve des pluies d’hiver. Alors, maintenant, je vais pouvoir m’occuper de tous les habitants de l’Arbre. »
(…)
« Une jeune branche voit le jour sur un arbre. Elle rencontre la vieille racine qui vit avec l’arbre depuis bien longtemps.
Deux conteurs vont donner la parole à la vieille racine et à la jeune branche qui vont suivre ensemble le défilement des saisons. Bien sûr, nous commençons par le printemps à la naissance de la jeune branche. (…)
Nous allons découvrir la solidarité qui intervient entre les générations au fil des saisons pour résister à la sécheresse, au feu… Nous croisons leur amie l’Hirondelle la Pie. Vieille Racine s’inquiète pour les différents habitants de l’arbre alors que parfois Jeune Branche est un peu insouciante et ne pense qu’à voyager…
Un très beau conte sous forme théâtrale qui peut être joué avec bonheur par les enfants.
La pièce se lit facilement, elle est courte ce qui permet de la monter sans difficultés.
Le thème universel est abordé de façon très originale et très enrichissante pour discuter avec les jeunes lecteurs.
[Brigitte Aubonnet, Encres vagabondes, 22 février 2016]
Vieille Racine est la mère nourricière. Jeune Branche est la petite dernière, Grand Tronc et Colonie des Feuilles forment le reste de la famille.
Au printemps, quand toutes les fibres de l’arbre reviennent à la vie et demandent à boire, Vieille Racine se démène pour que toute la famille ait de l’eau.
Jeune Branche ne sait pas grand-chose de la vie, mais son amie Hirondelle La Pie lui parle de ses voyages et Jeune Branche conçoit le désir de s’envoler à son tour.
Deux conteurs se partagent tous ces rôles dans une parabole où se manifestent le retour des saisons, le renouvellement de la vie par la croissance et le vieillissement, l’alternance du bonheur et de la mélancolie.
L’Arbre boit est un texte à partager, le soir, à l’heure du conte.
[Fanny Carel, Revue des livres pour enfants, n°299, mars 2018]
"Tout en mettant en scène un dialogue entre un être âgé et une jeune tête brûlée, cette fable est aussi une image de la vie végétale, une « leçon de choses », donc, simple et tragique."
[Anne-Marie Mercier, Lietje, 6 mai 2019]
« Après l’hiver, Jeune Branche profite du printemps pour pousser, se faire belle et accueillir de nouveau son amie hirondelle, celle qui revient de voyage, celle qui fait rêver Jeune Branche d’un ailleurs si exaltant… rien à voir avec la vie menée et rythmée par les bons vouloirs de Vieille Racine qui décide de la distribution d’eau.
La soif tiraille non seulement Jeune Branche mais aussi Grand Tronc et la Colonie des Feuilles…
Au cœur de cette pièce pour le très jeune public il est question non seulement du vivre ensemble mais aussi de la soif de liberté et le prix à payer pour l’atteindre peut être parfois très fort… »
[Colette, A l’ombre du grand arbre, 11 mars 2024]
Mise en scène par la compagnie du phoenix, François Xavier Malingre et Delphine Dupin , lors du festival Bulles de campagne, le 3 juin 2017.