Essais et pièces rendant compte de la grande variété de formes du théâtre du XVIIIe siècle
Acte I, Scène I, p. 25
ZENOBIE sous le nom d’ISMENIE, PHENICE
ZÉNOBIE
Ah, laisse-moi, Phénice, à mes mortels ennuis.
Tu redoubles l’horreur de l’état où je suis ;
Laisse-moi. Ta pitié, tes conseils et la vie
Sont le comble des maux pour la triste Isménie.
Dieux justes ! Ciel vengeur, effroi des malheureux,
Le sort qui me poursuit est-il assez affreux ?
PHÉNICE
Vous verrai-je toujours, les yeux baignés de larmes,
Par d’éternels transports remplir mon cœur d’alarmes ?
Le sommeil en ces lieux verse en vain ses pavots ;
La nuit n’a plus pour vous ni douceur ni repos.
Cruelle ! si l’amour vous éprouve inflexible,
À ma triste amitié soyez du moins sensible.
Mais quels sont vos malheurs ? Captive dans des lieux
Où l’amour soumet tout au pouvoir de vos yeux,
Vous ne sortez des fers où vous fûtes nourrie,
Que pour vous asservir le grand roi d’Ibérie.
Et que demande encore ce vainqueur des Romains ?
D’un sceptre redoutable il veut orner vos mains.
Si, rebuté des soins où son amour l’engage,
Il s’est enfin lassé d’un inutile hommage,
Par combien de mépris, de tourments, de rigueur,
N’avez-vous pas vous-même allumé sa fureur !
Flattez, comblez ses vœux, loin de vous en défendre ;
Vous le verrez bientôt plus soumis et plus tendre.
ZÉNOBIE
Je connais mieux que toi ce barbare vainqueur
Pour qui, mais vainement, tu veux fléchir mon cœur.
Quels que soient les grands noms qu’il tient de la victoire,
Et ce front si superbe où brille tant de gloire,
Malgré tous ses exploits, l’univers à mes yeux
N’offre rien qui me doive être plus odieux.
J’ai trahi trop longtemps ton amitié fidèle :
Il faut d’un autre prix reconnaître ton zèle,
Me découvrir. Du moins, quand tu sauras mon sort,
Je ne te verrai plus t’opposer à ma mort.
Phénice, tu m’as vue aux fers abandonnée,
Dans un abaissement où je ne suis point née ;
Je compte autant de rois que je compte d’aïeux,
Et le sang dont je sors ne le cède qu’aux dieux.
Pharasmane, ce roi qui fait trembler l’Asie,
Qui brave des Romains la vaine jalousie,
Ce cruel dont tu veux que je flatte l’amour,
Est frère de celui qui me donna le jour.
Plût aux dieux qu’à son sang le destin qui me lie
N’eût point par d’autres nœuds attaché Zénobie !
Mais à ces nœuds sacrés joignant des nœuds plus doux,
Le sort l’a fait encore père de mon époux :
De Rhadamisthe enfin.
PHÉNICE
Ma surprise est extrême.
Vous, Zénobie ? œ dieux !
ZÉNOBIE
Oui, Phénice, elle-même,
Fille de tant de rois, reste d’un sang fameux,
Illustre, mais hélas ! encore plus malheureux.
Après de longs débats, Mithridate mon père
Dans le sein de la paix vivait avec son frère ;
L’une et l’autre Arménie asservie à nos lois
Mettait cet heureux prince au rang des plus grands rois.
Trop heureux en effet si son frère perfide
D’un sceptre si puissant eût été moins avide !
Mais le cruel, bien loin d’appuyer sa grandeur,
Le dévora bientôt dans le fond de son cœur.
Pour éblouir mon père, et pour mieux le surprendre,
Il lui remit son fils dès l’âge le plus tendre.
Mithridate charmé l’éleva parmi nous,
Comme un ami pour lui, pour moi comme un époux.
Je l’avouerai : sensible à sa tendresse extrême,
Je me fis un devoir d’y répondre de même,
Ignorant qu’en effet, sous des dehors heureux,
On pût cacher au crime un penchant dangereux.
PHÉNICE
Jamais roi cependant ne se fit dans l’Asie
Un nom plus glorieux et plus digne d’envie.
Déjà des autres rois devenu la terreur...
ZÉNOBIE
Phénice, il n’a que trop signalé sa valeur.
À peine je touchais à mon troisième lustre,
Lorsque tout fut conclu pour cet hymen illustre :
Rhadamisthe déjà s’en croyait assuré,
Quand son père cruel, contre nous conjuré,
Entra dans nos états, suivi de Tiridate,
Qui brûlait des s’unir au sang de Mithridate ;
Et ce Parthe indigné qu’on lui ravît ma foi,
Sema partout l’horreur, le désordre et l’effroi.
Mithridate, accablé par son perfide frère,
Fit tomber sur le fils les cruautés du père ;
Et pour mieux se venger de ce frère inhumain,
Promit à Tiridate et son sceptre et ma main.
Rhadamisthe, irrité d’un affront si funeste,
De l’État à son tour embrasa tout le reste,
En dépouilla mon père, en repoussa le sien ;
Et dans son désespoir ne ménageant plus rien,
Malgré Numidius et la Syrie entière,
Il força Pollion de lui livrer mon père.
Je tentai, pour sauver un père malheureux,
De fléchir un amant que je crus généreux :
Il promit d’oublier sa tendresse offensée,
S’il voyait de ma main sa foi récompensée ;
Qu’au moment de l’hymen l’engagerait à moi,
Il remettrait l’État sous sa première loi.
Sur cet espoir charmant, aux autels entraînée,
Moi-même je hâtais ce fatal hyménée,
Et mon parjure amant osa bien l’achever,
Teint du sang qu’à ce prix je prétendais sauver.
Mais le ciel irrité contre ces nœuds impies,
Éclaira notre hymen du flambeau des Furies...
Quel hymen, justes dieux ! et quel barbare époux !
PHÉNICE
Je sais que tout un peuple indigné contre vous,
Vous imputant du roi la triste destinée,
Ne vit qu’avec horreur ce coupable hyménée.
ZÉNOBIE
Les cruels, sans savoir qu’on me cachait son sort,
Osèrent bien sur moi vouloir venger sa mort.
Troublé de ses forfaits dans ce péril extrême,
Rhadamisthe en parut comme accablé lui-même :
Mais ce prince bientôt rappelant sa fureur,
Remplit tour à tour de carnage et d’horreur.
Suivez-moi, me dit-il. Ce peuple qui m’outrage,
En vain à ma valeur croit fermer un passage ;
Suivez-moi. Des autels s’éloignant à grands pas,
Terrible et furieux il me prit dans ses bras,
Fuyant parmi les siens à travers Artaxate,
Qui vengeait, mais trop tard, la mort de Mithridate.
Mon époux cependant, pressé de toutes parts,
Tournant alors sur moi de funestes regards...
Mais loin de retracer une action si noire,
D’un époux malheureux respectons la mémoire :
Épargne à ma vertu cet odieux récit,
Contre un infortuné je n’en ai que trop dit.
Je ne puis rappeler un souvenir si triste,
Sans déplorer encore le sort de Rhadamisthe.
Qu’il te suffise enfin, Phénice, de savoir,
Victime d’un amour réduit au désespoir,
Que par une main chère, et de mon sang fumante,
L’Araxe dans ses eaux me vit plonger mourante.
PHÉNICE
Quoi ! ce fut votre époux... Quel inhumain, grands dieux !
ZÉNOBIE
Les horreurs de la mort couvraient déjà mes yeux,
Quand le Ciel, par les soins d’une main secourable,
Me sauva d’un trépas sans elle inévitable.
Mais à peine échappée à des périls affreux
Il me fallut pleurer un époux malheureux.
J’appris, non sans frémir, que son barbare père,
Prétextant sa fureur sur la mort de son frère,
De la grandeur d’un fils en effet trop jaloux,
Lui seul avait armé nos peuples contre nous ;
Qu’introduit en secret au sein de l’Arménie,
Lui-même de son fils avait tranché la vie.
À ma douleur alors laissant un libre cours,
Je détestai les soins qu’on prenait de mes jours,
Et quittant sans regret mon rang et ma patrie,
Sous un nom déguisé j’errai dans la Médie.
Enfin, après dix ans d’esclavage et d’ennui,
Étrangère partout, sans secours, sans appui,
Quand j’espérais goûter un destin plus tranquille,
La guerre en un moment détruisit mon asile.
Arsame, conduisant la terreur sur ses pas,
Vint la foudre à la main ravager ces climats.
Arsame, né d’un sang à mes yeux si coupable,
Arsame cependant à mes yeux trop aimable,
Fils d’un père perfide, inhumain et jaloux,
Frère de Rhadamisthe, enfin de mon époux.
PHÉNICE
Quel que soit le devoir du nœud qui vous engage,
Aux mânes d’un époux est-ce faire un outrage
Que de céder aux soins d’un prince généreux,
Qui par tant de bienfaits a signalé ses feux ?
ZÉNOBIE
Encore si dans nos maux une cruelle absence
Ne nous ravissait point notre unique espérance !
Mais Arsame, éloigné dans un triste devoir,
Dans mon cœur éperdu ne laisse plus d’espoir,
Et pour comble de maux j’apprends que l’Arménie,
Qu’un droit si légitime accorde à Zénobie,
Va tomber au pouvoir du Parthe, ou des Romains,
Ou peut-être passer en de moins dignes mains.
Dans son barbare cœur flatté de sa conquête,
À quitter ces climats Pharasme s’apprête.
PHÉNICE
Eh bien ! dérobez-vous à ses injustes lois ;
N’avez-vous pas pour vous les Romains et vos droits ?
Par un ambassadeur parti de la Syrie,
Rome doit décider du sort de l’Arménie.
Reine de ces États, contre un prince inhumain
Faites agir pour vous l’ambassadeur romain.
On l’attend aujourd’hui dans les murs d’Aranisse ;
Implorez de César le secours, la justice ;
De son ambassadeur faites-vous un appui,
Forcez-le à vous défendre, ou fuyez avec lui.
ZÉNOBIE
Comment briser les fers où je suis retenue ?
M’en croira-t-on d’ailleurs, fugitive, inconnue ?
Comment... Mais quel objet ! Arsame dans ces lieux !
Acte I, scène II, p. 31
ARSAME, ZÉNOBIE sous le nom d’ISMÉNIE, PHÉNICE
ARSAME
M’est-il encore permis de m’offrir à vos yeux ?
ZÉNOBIE
C’est vous-même, Seigneur ? Quoi ! déjà l’Albanie...
ARSAME
Tout est soumis, Madame, et la belle Isménie,
Quand la gloire paraît me combler de faveurs,
Semble seule vouloir m’accabler de rigueurs.
Trop sûr que mon retour d’un inflexible père
Va sur un fils coupable attirer la colère ;
Jaloux, désespéré, j’ose, pour vous revoir,
Abandonner des lieux commis à mon devoir.
Ah, Madame ! est-il vrai qu’un roi fier et terrible
Aux charmes de vos yeux soit devenu sensible ?
Que l’hymen aujourd’hui doive combler ses vœux ?
Pardonnez aux transports d’un amant malheureux.
Ma douleur vous aigrit ; je vois qu’avec contrainte
D’un amour alarmé vous écoutez la plainte.
Ce n’est pas sans raison que vous la condamnez :
Le reproche ne sied qu’aux amants fortunés ;
Mais moi qui fus toujours à vos rigueurs en butte,
Qu’un amour sans espoir dévore et persécute ;
Mais moi qui fus toujours à vos lois si soumis,
Qu’ai-je à me plaindre, hélas ! et que m’a-t-on promis ?
Indigné cependant du sort qu’on vous prépare,
Je me plains et de vous et d’un rival barbare.
L’amour, le tendre amour qui m’anime pour vous,
Tout malheureux qu’il est, n’en est pas moins jaloux.
ZÉNOBIE
Seigneur, il est trop vrai qu’une flamme funeste
A fait parler ici des feux que je déteste :
Mais quels que soient le rang et le pouvoir du roi,
C’est en vain qu’il prétend disposer de ma foi :
Ce n’est pas que, sensible à l’ardeur qui vous flatte,
J’approuve ces transports où votre amour éclate.
ARSAME
Ah ! malgré tout l’amour dont je brûle pour vous,
Faites-moi seul l’objet d’un injuste courroux ;
Imposez à mes feux la loi la plus sévère,
Pourvu que votre main se refuse à mon père.
Si pour d’autres que moi votre cœur doit brûler,
Donnez-moi des rivaux que je puisse immoler,
Contre qui ma fureur agisse sans murmure.
L’amour n’a pas toujours respecté la nature :
Je ne le sens que trop à mes transports jaloux.
Que sais-je, si le roi devenait votre époux,
Jusqu’où m’emporterait sa cruelle injustice ?
Ce n’est pas le seul bien que sa main me ravisse.
L’Arménie, attentive à se choisir un roi,
Par les soins d’Hiéron se déclare pour moi.
Ardent à terminer un honteux esclavage,
Je venais à mon tour vous en faire un hommage ;
Mais un père jaloux, un rival inhumain,
Veut me ravir encore ce sceptre et votre main.
Qu’il m’enlève à son gré l’une et l’autre Arménie,
Mais qu’il laisse à mes feux la charmante Isménie.
Je faisais mon bonheur de plaire à ses beaux yeux,
Et c’est l’unique bien que je demande aux dieux.
ZÉNOBIE
Et pourquoi donc ici m’avez-vous amenée ?
Quelle que fût ailleurs ma triste destinée,
Elle coulait du moins dans l’ombre du repos ;
C’est vous, par trop de soins, qui comblez tous mes maux.
D’ailleurs, qu’espérez-vous d’une flamme si vive ?
Tant d’amour convient-il au sort d’une captive ?
Vous ignorez encore jusqu’où vont mes malheurs.
Rien ne saurait tarir la source de mes pleurs.
Ah ! quand même l’amour unirait l’un et l’autre,
L’hymen n’unira point mon sort avec le vôtre.
Malgré tout son pouvoir, et son amour fatal,
Le roi n’est pas, Seigneur, votre plus fier rival :
Un devoir rigoureux, dont rien ne me dispense,
Doit forcer pour jamais votre amour au silence.
J’entends du bruit. On ouvre ! ah, Seigneur, c’est le roi !
Que je crains son abord et pour vous et pour moi !
Acte V, scène I, p. 73
PHARASMANE, HIDASPE, GARDES
PHARASMANE
Hidaspe, il est donc vrai que mon indigne fils,
Qu’Arsame est de concert avec mes ennemis ?
Quoi ! ce fils autrefois si soumis, si fidèle,
Si digne d’être aimé, n’est qu’un traître, un rebelle ?
Quoi ! contre les Romains ce fils, tout mon espoir,
A pu jusqu’à ce point oublier son devoir ?
Perfide ! c’en est trop que d’aimer Isménie,
Et que d’oser trahir ton père et l’Ibérie.
Traverser à la fois et ma gloire et mes feux...
Pour de moindres forfaits, ton frère malheureux...
Mais en vain tu séduis un Prince téméraire.
Rome, de mes desseins, ne crois pas me distraire ;
Ma défaite ou ma mort peut seule les troubler ;
Un ennemi de plus ne me fait pas trembler.
Dans la juste fureur qui contre toi m’anime,
Rome, c’est ne m’offrir de plus qu’une victime.
C’est assez que mon fils s’intéresse pour toi ;
Dès qu’il faut me venger, tout est romain pour moi.
Mais que dit Hiéron ? T’es-tu bien fait entendre ?
Sait-il enfin de moi tout ce qu’il doit attendre,
S’il veut dans l’Arménie appuyer mes projets ?
HIDASPE
Peu touché de l’espoir des plus rares bienfaits,
À vos offres, Seigneur toujours plus inflexible,
Hiéron n’a fait voir qu’un cœur incorruptible ;
Soit qu’il veuille en effet signaler son devoir,
Ou soit qu’à plus haut prix il mette son pouvoir.
Trop instruit qu’il peut seul vous servir ou vous nuire,
Je n’ai rien oublié, Seigneur, pour le séduire.
PHARASMANE
Hé bien ! c’est donc en vain qu’on me parle de paix ;
Dussé-je sans honneur succomber sous le faix,
Jusque chez les Romains je veux porter la guerre,
Et de ces fiers tyrans venger toute la terre.
Que je hais les Romains ! Je ne sais quelle horreur
Me saisit au seul nom de leur ambassadeur ;
Son aspect a jeté le trouble dans mon âme.
Ah ! c’est lui qui sans doute aura séduit Arsame ;
Tous deux en même jour arrivés dans ces lieux...
Le traître ! C’en est trop. Qu’il paraisse à mes yeux.
Il faut... Mais je le vois.
Acte V, scène II, p. 74
PHARASMANE, ARSAME, HIDASPE, MITRANE, GARDES
PHARASMANE
Fils ingrat et perfide,
Que dis-je ? au fond du cœur peut-être parricide,
Esclave de Néron, eh ! quel est ton dessein ?
À Hidaspe.
Qu’on m’amène en ces lieux l’ambassadeur romain.
Traître, c’est devant lui que je veux te confondre.
Je veux savoir du moins ce que tu peux répondre ;
Je veux voir de quel œil tu pourras soutenir
Le témoin d’un complot que j’ai su prévenir ;
Et nous verrons après si ton lâche complice
Soutiendra sa fierté jusque dans le supplice.
Tu ne me vantes plus ton zèle ni ta foi.
ARSAME
Elle n’en est pas moins sincère pour mon roi.
PHARASMANE
Fils indigne du jour, pour me le faire croire,
Fais que de tes projets je perde la mémoire.
Grands dieux ! qui connaissez ma haine et mes desseins,
Ai-je pu mettre au jour un ami des Romains ?
ARSAME
Ces reproches honteux dont en vain l’on m’accable
Ne rendront pas, Seigneur, votre fils plus coupable.
Que sert de m’outrager avec indignité ?
Donnez-moi le trépas si je l’ai mérité ;
Mais ne vous flattez point que tremblant pour ma vie,
Jusqu’à la demander la crainte m’humilie.
Qui ne cherche en effet qu’à me faire périr
En faveur d’un rival pourrait-il s’attendrir ?
Je sais que près de vous, injuste ou légitime,
Le plus léger soupçon tint toujours lieu de crime ;
Que c’est être proscrit que d’être soupçonné ;
Que votre cœur enfin n’a jamais pardonné.
De vos transports jaloux, qui pourrait me défendre,
Vous qui m’avez toujours condamné sans m’entendre ?
PHARASMANE
Pour te justifier, eh ! que me diras-tu ?
ARSAME
Tout ce qu’a dû pour moi vous dire ma vertu ;
Que ce fils si suspect pour trahir sa patrie
Ne vous fût pas venu chercher dans l’Ibérie.
PHARASMANE
D’où vient donc aujourd’hui ce secret entretien,
S’il est vrai qu’en ces lieux du ne médites rien ?
Quand je voue aux Romains une haine immortelle,
Voir leur ambassadeur, est-ce m’être fidèle ?
Est-ce pour le punir de m’avoir outragé,
Qu’à lui parler ici mon fils s’est engagé ?
Car il n’a point dû voir l’ennemi qui m’offense,
Que pour venger ma gloire, ou trahir ma vengeance.
Un de ces deux motifs a dû seul te guider,
Et c’est sur l’un des deux que je dois décider.
Éclaircis-moi ce point, je suis prêt de t’entendre.
Parle.
ARSAME
Je n’ai plus rien, Seigneur, à vous apprendre ;
Ce n’est pas un secret qu’on puisse révéler.
Un intérêt sacré me défend de parler.