Éditions Espaces 34

Hors cadre

L’espace littéraire se transforme. Les écritures d’aujourd’hui demandent à être accueillies au-delà des zones définies par des termes qui enferment. L’important n’est pas l’identification catégorielle mais la pulsion qui préside à la langue et à la pensée et qui donne à la littérature ses multiples formes. Cette collection est ce lieu pour des voix, des fictions qui appellent la parole et le corps. Un trouble dans les genres, des forces en mouvement, du désir, de l’audace, de l’invention.

Dresseur de nuages

ISBN : 978-2-84705-282-4
EAN : 9782847052824
13x21cm, 56 p., 12 €
1 voix
Publié avec le soutien du Centre national du livre

2022

Comment dire la musique ? Comment dire d’où vient la musique et là où elle va ?

Certains soirs la musique est sur scène. Cette musique ne vient pas de nulle part. Elle vient d’un homme. D’un homme qui a vu des paysages, des moments de vie, des pays, des nuits et des jours…

On entend cette musique et des mots viennent. Ce sera Souffler, Souffler fait de mots à la place des notes. Souffler souffle des mots inspirés par les notes. Pas n’importe lesquelles, celles des musiques de Louis Sclavis. Mais pas que.

Inspirer, s’inspirer, comme sur scène souffle le saxophoniste.

Revue de presse

« La musicalité du texte tient à une rythmicité de la langue qui percute les mots pour créer une forme d’inouï.

Puissante, l’écriture suscite une poésie qui appelle le corps. »

[Centre national du livre, février 2022]


« il sera question de faire entendre la clarinette basse, son souffle avec l’instrument des mots qu’est aussi le langage.

Rémi Checchetto, dans sa post¬face explique l’importance qu’il accorde à la musique de Sclavis depuis de très nombreuses années mais c’est seulement en 2019, lors de la diffusion sur les ondes, d’un concert consacré à son album Characters on a wall, qu’il décide d’écrire sur sa musique ou plus exactement en « passant par sa musique ».

Rémi Checchetto est d’abord poète, joueur de mots, de sons. (…)

Celui-ci veut « raconter la musique ». Il décrit, en tout cas, la matière musicale, sa dimension organique dont l’essence est l’air, mot central du texte à côté du mot souffle dont il est l’osmose.

Cette dimension physique de la musique mise en mots, de celui qui pratique les cuivres (ce ne serait pas du tout la même chose avec les cordes par exemple) transparaît dans le mot bouche, le mot mains et plus loin celui des dix doigts.

Il s’agit bien de faire corps. Le poète et le musicien sont tous deux ceux qui inspirent et s’inspirent. Le verbe s’inspirer prend tout son sens ; le jazz inspire la poésie et ainsi s’inspirent-ils tous les deux. Et ils sont habités par le souffle créateur. Ils deviennent des êtres du Souffle du monde. (…)

Le langage va jusqu’à devenir une forme hybride où le son, selon une lecture à haute voix, serait une note tenue :
vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv¬vaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa (p. 35 et 36) à par¬tir du mot va.

La musique devenant langage capte le foisonnement des forêts, des terres, des bêtes selon un chant panthéiste. Des titres de morceaux en petites capitales s ‘agrègent à la matrice du poème. Des poètes passent : Darwich, Pasolini, Loumès Matoub… »

[Marie Du Crest, Le Litteraire.com, 12 octobre 2022


« Checchetto écrit à partir de la musique, en s’en écartant, en suivant les répercussions, les émotions, les récits qu’elle ouvre en lui : « Je ne mime pas la musique. Je la raconte. Je dis ce que je vois […]. C’est la musique de Louis, c’est mon imagination. C’est la musique de Louis, c’est l’écho des mots que cela engendre ».

Le parallélisme suggère qu’il n’y aucune servilité, que la musique ne dicte pas le poème. Plutôt s’agit-il pour Checchetto de remonter à la « source » commune de son écriture et de la musique de Sclavis, au foyer d’émotions qui précédent leur création et qui en sont la fin. (…)

Le recueil est foisonnant, la phrase toujours portée par un « souffle » capable de s’immiscer dans les moindres « interstices » de liberté, de « révoltes » et de « revanches » face à la « mort mangeuse de moelle, faiseuse d’os vides ». Toujours en mouvement donc, et jamais restreinte, suivant cette définition elliptique de la première page : « l’air est en et ».

En somme, si le mot « souffle » et, dans une moindre mesure, le mot « air » sont si présents dans le recueil, c’est qu’ils laissent entendre à quel point se nouent en eux la matière et l’énergie musicales et poétiques, les rafales du monde, le rythme de la respiration nécessaire à la vie.

Quand tout cela s’accorde, on touche peut-être au plus haut point du lyrisme, de la joie et du jeu qui fondent le jazz.

Les mots en résonnent quand le poète les laisse aller à ce « flux » heureux, passant d’une musique à l’autre, d’un corps à l’autre, d’une saison et d’un pays à l’autre. D’un son à l’autre, enfin, comme d’une note à l’autre, dans l’euphorie du rythme et d’une improvisation s’engendrant elle-même. »

[Antoine Bertot, Poezibao, 4 novembre 2022]


Un court extrait lu par l’auteur

ICI

et ICI sur une musique de Louis Sclavis, extrait du morceau Extase.

Haut