Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.
ISBN :978-2-84705-190-2
EAN : 9782847051902
13x21cm, 104 p., 15 €
Publié avec le soutien du Centre national du livre et de la Fédération Wallonie-Bruxelles
2020
Que veut dire « réussir sa vie » pour la jeune génération européenne ?
Un groupe de jeunes gens à la sortie du lycée est à l’heure des choix. Certains veulent tenter les concours des grandes écoles de commerce de Paris, décrites comme l’élite, le Saint-Graal.
Lorsque les résultats tombent, certains réussissent, d’autres resteront en province, à Clermont-Ferrand, trouveront un emploi ou intégreront des écoles moins prestigieuses. Les années d’études passent, chacun est confronté à lui-même, à ses compromissions, ses renoncements, sa réussite ou son échec, la réalité d’un monde sans état d’âme et qui peut broyer les êtres, ou bien l’on est fier d’intégrer l’élite de la société française.
Mais à quel prix ? Que sont devenus leurs amitiés, leurs liens ? Que reste-t-il de leur foi, de leur intégrité ? Quand on a fait siens les discours du « tout économique » et que l’on refoule ses affects, ses émotions, qu’on refuse « la tentation d’être humain », ne se brûle-t-on pas intérieurement ?
Deuxième pièce de la trilogie qu’écrit Manuel Pereira sur les jeunesses européennes dont le premier volet est Berlin sequenz. Le troisième, situé à Porto, est en cours d’écriture.
Pièce lauréate des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre 2019.
La pièce fait partie des 3 textes finalistes du prix Adel Hakim 2024, organisé par le comité des autrices et des auteurs du Quartier d’Ivry.
« En 1972, Michel Vinaver, homme d’entreprise et auteur de théâtre publiait Par-dessus bord : le capitalisme et son économie devenaient fable dramatique. En 2019, Manuel Antonio Pereira aborde, longtemps après le krach pétrolier, la crise de 2008, la question de la formation dans les grandes écoles de commerce françaises, HEC, l’ESSEC, de ceux qui « managent » le monde finan-ciarisé. Capital Risque relève d’une certaine façon d’une sociologie contemporaine.
Ses personnages de jeunes gens avancent comme un échantillonnage d’individus représentatifs d’une donnée sociale. La liste des personnages se présente en 2 ensembles : tout d’abord, un groupe de lycéens entreprenant des études supérieures commerciales (grandes écoles plus ou moins re-nommées dans la région parisienne ou en Province), ou étudiant la psychologie, ou encore ayant abandonné les études après le bac, et d’autre part un groupe plus informel réunissant des individus n’ayant pas fréquenté le même lycée clermontois, et également des parents.
Cette dimension d’approche sociologique passe par l’usage d’une langue saturée par l’anglais du marketing, du management. Les personnages sont dépossédés, la plupart du temps, de toute épaisseur, densité humaine, puisque lorsqu’ils prennent la parole, ils ne parlent pas à l’autre mais se « disent » à la troisième personne comme s’ils se mettaient à distance d’eux-mêmes. Parfois ils se contentent de décrire ce qu’il y a autour d’eux comme si l’auteur les transformait en voix des didascalies.
L’architecture de la pièce reprend cette idée d’une étude de diverses trajectoires de vie. (…) »
[marie Du Crest, La Cause littéraire, janvier 2020]
« La question abordée dans la pièce est au fond celle de notre monde moderne, frappé d’un mal diffus et complexe, à tel point que certains finissent par se demander si les burn out, les dépressions, les suicides, ne sont pas une manière de refuser le système, de ne pas collaborer. »
[Sceneweb, 12 janvier 2020]
« Le texte est multi-forme : dialogues, monologues, réflexions intérieures à haute voix, narration à la troisième personne.
Sous la direction du metteur en scène, les acteurs gèrent cette complexité avec une clarté impeccable.
Ils réalisent aussi des performances physiques : ils dansent, sautent, courent donnant une grande réalité corporelle au spectacle mais aussi le vide sous leur pas. Ils ne peuvent pas se canaliser pour faire sourdre le bonheur simple de posséder la jeunesse, la beauté, l’énergie. Ils volent sans savoir atterrir". (…)
Ces jeunes comédiens sont remarquables. »
[Denis Mahaffey, Le Vase Communicant, 24 janvier 2020]
« Très tendre et acide portrait de bacheliers férus d’ambition. (…)
Capital risque dresse le portrait d’individus qui s’évaluent, se jaugent, dans l’intime comme dans la vie professionnelle et s’engluent parfois dans la prétention en s’éloignant du sens même de leurs actions.
Jérôme Wacquiez signe là sa onzième mis en en scène acide et salvatrice. »
[[Simon Gosselin, théâtre(s), n°22, été 2020]
« Ces garçons et filles sont liés par leur commune ambition d’intégrer HEC, ou, à défaut, une autre grande école de commerce. Ils s’engagent leur vie future sur le résultat du concours. Ils sont prisonniers de l’ambition qui les formate.
Ce texte nous fait passer avec virtuosité de l’extérieur à l’intérieur de personnages, du dialogue explicite au commentaire informulé.
Plusieurs comprennent peu à peu qu’ils vont passer à côté de leur vie.
Seule Célia se sauve, abattant les murs de sa prison mentale. D’une impressionnante lucidité. »
[Fanny Carel, La Revue de Livres pour enfants, n°314, septembre 2020]
« La pièce explore de façon convaincante et « documentée », en en montrant le pathétique et l’impasse, les ambitions et l’amertume de jeunes gens pris au sortir du baccalauréat. Pris semble-t-il, ou plutôt croient-ils, entre le rêve de l’élite mondialisée et le cauchemar de la France périphérique. Pris et prisonniers ainsi d’un choix binaire, simpliste, d’une vision du monde qui le partage entre gagnants et perdants, défigurant son sens et mutilant sa beauté. (…)
Ce manichéisme n’est pas seulement social et mécanique, tel celui qui chez Huxley distingue les alphas des autres.
Il est aussi moral et géographique.
Moral car, selon la conception du monde qui voit dans la réussite individuelle le but de la vie et le seul étalon de sa valeur, la pauvreté devient une maladie et un vice. (…) Manichéisme géographique en outre car les gagnants vivent dans les grandes métropoles mondialisées tandis que les perdants sont relégués dans la France périphérique décrite par Christophe Guilluy, à savoir ici Clermont-Ferrand, capitale du déclassement, basse extraction qu’il faut oublier et faire oublier. (…)
Le monde dans lequel les plus ambitieux veulent vivre et évoluer, tout en le faisant évoluer, c’est le monde dématérialisé, sans contact (mis à part le click), sans assise territoriale et encore moins terrienne. C’est donc un monde non charnel, aérien, presque spirituel. Une sorte de paradis où l’on vit en apesanteur, délivré du poids de la chair et de la matière, du poids des autres et de son propre poids. Thomas le trader y évolue et le décrit, de façon nette et terrible : « Tu bouffes de l’algorithme, tu vis complètement immergé dans le flux. Tu sais plus ou moins qu’il y a des vies derrière tout ça, des gens. Mais tu as oublié depuis longtemps ce qui existe de l’autre côté, là où on fabrique les choses. »
Dans ce monde, et c’est aussi l’un des mérites de la pièce de le montrer, la relation amoureuse est gênante, inappropriée, handicapante. De même que la procréation. (…)
Le commerce, la finance, le flux, le sans contact, l’aisance dématérialisée, aérienne, tout cela forme une sorte de religion et à vrai dire une hérésie qui n’est pas éloignée de l’hérésie cathare. À la dévalorisation de la chair et de la terre qui caractérise cette hérésie, l’auteur oppose habilement le geste et le comportement d’une jeune femme qui vit parmi les relégués de Clermont-Ferrand et exerce la profession de tatoueuse. Son écriture sur chair s’oppose au discours éthéré de Thomas et dans une scène poignante qui est une véritable scène d’amour, elle fait se manifester, par sa douceur, toute la détresse affective de celui-ci. »
[Frédéric Dieu, Professions spectacle, 24 février 2021]
« Un portrait polyphonique de la jeunesse des grandes écoles. »
[La Terrasse, 3 juin 2021]
« Jérôme Wacquiez signe une mise en scène faisant la part belle à l’expression brute et corporelle des comédiens qui parviennent à incarner cette jeunesse qui se consume intérieurement dans l’apparat de la réussite. (…)
Il est à noter un travail intéressant sur la gestuelle, entre danse et comédie, au travers duquel l’âme de ces jeunes en train de se consumer pour réussir prend vie. »
[Pierre Salles, Le Bruit du off, juillet 2021]
Création dans une mise en scène de Jérôme Wacquiez, compagnie Les Lucioles, avec Adèle Csech, Morgane El Ayoubi, Julie Fortini, Alexandre Goldinchtein, Fanny Jouffroy, Nathan Jousni, Antoine Maitrias, Isabella Olechowski (en remplacmenet d’Eugénie Bernachon), Agathe Vandame, Ali Lounis Wallace, à la Nouvelle Scène - Est de la Somme, Nesle (80), le 11 et 13 janvier 2020.
Tournée 2020
— Le Mail - scène culturelle, Soissons (02), 21 janvier
— EPIC Espaces Culturels Thann-Cernay (68), 23 et 24 janvier
— EPCC Bords II Scènes - scène conventionnée, Vitry-le-François (51), 30 janvier
— Maison des Arts et Loisir de Laon (02), 4 février
— Centre culturel MJC, Crépy-en-Valois (60), 6 et 7 février
— Théâtre de l’iris, Villeubranne (67), du 10 au 14 mars
Tournée 2021
— Théâtre La Coupole de Saint-Louis (68), les 25 et 26 mars
— 11.Gilgamesh, Festival d’Avignon off, du 6 au 29 juillet
Tournée 2022
— Comédie de Picardie, Amiens (80), les 16 et 17 mars
— GRRRANIT, scène nationale de Belfort (90), les 4 et 5 mai
Tournée 2023
— Théâtre de la Traversière, Paris, 14 avril
— Ferney-Voltaire (01), 5 mai