Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.
ISBN : 978-2-84705-158-2
EAN : 9782847051582
13x21cm, 128 p., 17 €
non distribué, : solo, duo, trio, choeur, voix mulitples
Publié avec le soutien du Centre national du livre
2017
Vertiges ne propose aucune fable, aucune narration autre que celle de l’apparition-disparition et cela aussi bien dans le texte d’origine que dans l’adaptation scénique de Christine Dormoy que nous publions dans le même volume.
Voici les mots de Patrick Kermann, écrits en décembre 1999, à ce sujet (rappelons qu’il s’est donné la mort le 29 février 2000 après avoir posté la veille la version finale de ce texte à Christine Dormoy qui le mettait en scène) : « Ce qui m’intéresse dans ce projet ? trouver des formes minimales et fortes et des langues différentes qui reflètent avec humour ou dérision notre monde en pleine déréliction, varier le jeu des langues cassées, brisées, réduites, jouer sur la peur de l’autre ou la jubilation du dire. Soit des formes légères et graves pour dire la catastrophe de notre monde »
Dans l’adaptation scénique, le quatuor vocal incarne la voix de la cité moderne, c’est à dire le monolinguisme consensuel qui en même temps ne parvient pas à parler d’une seule voix. Les autres personnages, clowns-acteurs-chanteurs-instrumentistes, ressassent la détresse et la peur d’être au monde : ce sont des espèces de monomaniaques surgis au bord de l’abîme.
Vertiges pose une question, toujours particulièrement vive, et qui irrigue l’écriture de Patrick Kermann : Où se tenir quand le monde, la langue sont devenus inhabitables ?
« Il est impossible de lire Vertiges sans se dire que c’est la fin, l’entrée dans le sommeil. S’endormir comme dernier verbe. L’édition du texte elle-même nous invite à saisir le livre dans les derniers moments de l’écriture comme les dernières heures de la vie puisqu’elle mentionne en sous-texte, avec la pudeur du chagrin : février 2000.
Le 29 février 2000 sera le dernier jour de Patrick Kermann. C’est peut-être cela le plus grand vertige, cette forme de malaise face au vide, cet étourdissement du monde qui tourne, qui chavire. Vertiges au pluriel proféré par les voix multiples des burlesques « monomaniaques », d’écervelés selon le propos de l’auteur qui au fond passent leur temps à radoter et celles du quatuor vocal impuissant à remettre par le langage de l’ordre au monde.
Dans Vertiges, P. Kermann dit l’explosion humaine semblable à celle des réacteurs de Tchernobyl qui ont tout anéanti. Il a beaucoup pensé à cette catastrophe nucléaire en lisant la Supplication de Svetlana Alexievitch, au moment où il écrivait son texte. (…)
Il faut tenter décrire ce qui se dit, épuiser les conversations, aller jusque dans l’onomatopée comme s’il fallait à tout prix toucher l’os du monde (moi je phuit), s’en saisir des incompréhensibles parlures (débarre l’doisil), revenir aux conjugaisons, aux déclinaisons enfantines, mêler les langues sans les traduire (l’anglais et l’allemand face au français).
Tout vole en éclats ; les illusions de l’amour et de la vie dont triomphe toujours la mort. Seule pourtant l’écriture poétique parvient à construire du sens. »
[Marie Du Crest, La Cause Littéraire, 24 janvier 2018]
« Au commencement il y a la joie de la parole (Je parle, solo parlé chanté, p.11), fragment sans ponctuation disant l’élan de la parole qui se prend et se reprend.
David Léon en lecteur attentif, et trois étudiantes, font entendre cet émerveillement, cette vitalité qui fait pause et repart avec sa voix particulière : le solo est joué en trio. Il faut toucher à cet échange de dire toujours à quelqu’un d’autre. On pourrait imaginer d’autres voix encore plus nombreuses, selon David Léon. Le texte par morceau et ensuite dans son intégralité de jeu retentit.
Chez Kermann, il est question de la langue et même de formes scripturales si particulières dans l’espace de la page et de son rythme. »
[Marie Du Crest, à propos de Plateau virtuel club # 3, La Cause Littéraire, 5 janvier 2018]
Performance musicale par la compagnie Le Grain, direction artistique de Christine Dormoy, à l’occasion de la première Rencontre des Fleuves Invisibles, sous forme d’opéra ( Jean-Pierre Drouet) en 3 solis un tutti, à Malagar, Centre François Mauriac, les 24 septembre et 25 septembre 2016.
1 heure d’émission à écouter en podcast dont le principe est :
« Autour des auteurs publiés par les éditions Espaces 34, les étudiants de l’ENSAD de Montpellier, sous la direction de David Léon, travaillent leur voix, leur diction, le sens des textes. Une fabrique de l’art du comédien à entendre, entrecoupée par la parole des auteurs, de leur éditrice Sabine Chevallier, et de la dramaturge Marie Reverdy. Le texte se déploie également le temps d’une lecture faite par l’auteur, par les étudiants de l’ENSAD, ou par Béla Czuppon, comédien et metteur en scène, La Baignoire-Montpellier. »
http://www.radioclapas.fr/portfolio/plateau-virtuel-club/
1re diffusion vendredi 5 janvier 2018, émission 3
https://www.youtube.com/watch?v=tYCmMd_RAf0