Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.
ISBN : 978-2-84705-144-5
EAN : 9782847051445
13x21cm, 64 p., 13 €
Publié avec le soutien du Centre national du livre et de la SACD
récit polyphonique
2017
Pour échapper aux huissiers, une femme rêve d’un séisme qui les ferait disparaître. Ainsi le chaos lui permettrait-il de se reconstruire, autre, avec Mickel, son fils de huit ans et demi. L’urgence est telle et le rêve est si fort que la catastrophe advient. Tout s’effondre. Dans la ville d’Eskandar, la nature reprend ses droits. Un zoo est laissé à l’abandon, des fauves s’échappent et attaquent celles et ceux qui n’ont pas pu ou voulu partir. Parmi eux Thomas Kantor, un obscur criminel en cavale.
Accompagnée de Mickel, cette femme, se rebaptisant Madame de Fombanel, s’enfuit de chez elle et s’enfonce dans la zone pour abattre des lions. A la fois effrayée et fascinée par la propagation du désastre, elle investit une école abandonnée, à la porte de laquelle Thomas Kantor vient frapper.
Samuel Gallet continue avec Eskandar – ville imaginaire, onirique, de l’entredeux – à explorer les no mans’ land et les zones en lisière de nos sociétés actuelles. Espaces sous tension traversés de vertiges, d’appréhension mais aussi de joie, de beauté et d’humour.
Pièce lauréate du Prix Collidram 2018, prix de littérature dramatique des collégiens, remis le 1er juin 2018.
Pièce finaliste du Prix Bernard-Marie Koltès des lycéens du Théâtre National de Strasbourg 2019.
« Samuel Gallet nous offre un texte étrange, en miroir à notre époque perturbée, menacée par une effondrement de nos valeurs et de notre modèle politique et social.
La Bataille d’Eskandar est une pièce de chaos et de poésie.
L’auteur lui donne pour cadre une ville dévastée par un tremblement de terre, une ville imaginaire, Eskandar. A l’origine de ce tremblement de terre, le rêve d’une femme, criblée de dettes, le matin où les huissiers doivent venir l’expulser de chez elle, et les dessins de son fils de 8 ans et demi (…)
Le chaos et la destruction vont alors offrir la possibilité d’une vie nouvelle et paradoxalement d’une « liberté pure ». (…) La femme se choisit une identité nouvelle. (…) Elle recueille dans son école forteresse Thomas Kantor, un criminel en fuite. C’est elle qui va l’amener à lutter contre les bêtes fabuleuses. (…)
Ce texte provoque des images, des visions. (…)
Composée de 35 séquences, la pièce comporte peu de dialogues, nous sommes plutôt dans une forme du dire, proche par moments du chant, et toujours à la frontière entre le théâtre, la poésie et le rêve éveillé. Avec des moments lyriques, d’autres tragiques ou oniriques, des séquences construites comme des didascalies ou des listes d’animaux fabuleux, La Bataille d’Eskandar est une matière incandescente et paradoxalement jubilatoire.
Un appel à faire peau neuve en quelque sorte et à reconstruire. »
[Laurence Cazaux, Le Matricule des Anges, n°182, avril 2017]
« Les villes nocturnes de Samuel Gallet sont insurrection, catastrophe, incendie, séisme. Eskandar au nom d’antique cité, ville de sang et de mirages.
Eskandar, quartier sud, le rêve d’une femme qu’un récitant nous présente dans le prologue : elle a des dettes, elle est menacée d’expulsion. Il faut que tout soit détruit pour espérer un recommencement. Il faut pénétrer dans le songe profond comme le théâtre et la musique nous font entrer dans l’obscurité de nos désirs
Et le rêve alors devient le réel
Et le rêve est le réel
Trente-cinq moments pour raconter le chaos, pour entendre les voix de madame de Fombanel, de son fils Mickel, de Thomas Kantor Thomas, des huissiers, et pour dire la poétique du chaos comme si Eskandar faisait écho à Vilasaq, la ville d’Ultravocal, livre cité en épigraphe par Samuel Gallet. (…)
Hallucinations de la ville immense, comme une savane, de l’huissier grotesque avec un couteau dans le ventre et de Thomas qui tire vers le ciel et Mickel qui dessine sur un mur un homme élégant. Le rêve est le territoire des poètes. »
[Marie du Crest, La Cause littéraire, 6 mars 2017]
« Acculée par la contrainte et la privation, une femme éclate les tissus du réel pour s’engouffrer dans le formidable imaginarium de la ville d’Eskandar. Avatar de tous les désirs bafoués, là où les déchets de rêves reluisent d’un éclat politique, Eskandar est l’occasion d’une nouvelle vie plus trépidante et aventureuse pour ceux qui traversent ses ruines.
Le texte rhapsodique de Samuel Gallet, nourri de l’inépuisable force des fantasmes d’enfants, resplendit dans un show qui fait la part belle à l’écriture sonore : verbale, musicale (magnifiques compositions d’Aëla Gourvennec et de Grégoire Ternois). En compagnie de l’auteur et de Pauline Sales (elle-même auteure) au plateau, la pièce performe littéralement l’imaginaire avec l’obédience sincère de l’homme désireux de réenchantements. »
[Victor Inisan, IO, la gazette du festival, 11 juillet 2018
« (…) spectacle dans lequel l’imagination le dispute au réalisme. Dystopie, récit d’anticipation, ce texte porte tous les cauchemars qui hantent nos sociétés ruinées par l’injustice, la misère endémique et la solitude des êtres.
Il vaut par le double registre qu’il propose et qui favorise une variation de rythme, d’ambiance et de style sur le plateau. Pauline Salles excelle dans ce rôle qui la fait traverser toutes les humeurs de Madame de Fombanel, tantôt excessive et violente, tantôt humble et défaite, toujours recrue de tendresse pour son enfant. Samuel Gallet, qui incarne thomas Kantor n’est pas moins saisissant.
Impeccable travail pour ce collectif qui donne vie à un poème dramatique et musical, une œuvre scénique qui cherche sa voie entre dit poétique et parlé, entre récit et interprétation, où le dialogue voisine avec le chant. La déréliction d’une femme porte en germe l’abandon de ce monde où le présent est déjà gros des menaces du futur. »
[Michèle Bigot, Madinin’Art, 12 juillet 2018]
« Pour porter ce périple onirique et lui donner le souffle d’une épopée, Pauline Sales déploie des trésors de nuances dans les traits de son visage quand Aëla Gourvennec (violoncelle et piano) et Grégoire Ternois (percussions et luth de griot), dans un travail particulièrement impressionnant de compréhension du texte, accompagnent le récit de musique et de bruitages.
Une histoire enlevée et captivante, non dénuée d’humour (…) »
[Walter Géhin, Plus de off, 12 juillet 2018]
« (…) Ecrire n’aura jamais été autant aujourd’hui le lieu terrible de ces questions, de ces choix : l’imaginaire, l’espace d’un abri ou l’enjeu d’un combat ? Le rêve, une façon de s’arracher au réel, ou une manière de renouer aux réalités désirables ?
Le travail de Samuel Gallet prend les armes à cet endroit pour ferrailler dans ce théâtre des opérations et des contradictions. En faisant du rêve le territoire d’une reconquête du réel, il opère ce pas de côté qui tout à la fois nous arrache au réel et permet qu’on s’en saisisse.
Par le jeu troublant d’un onirisme travaillé par la réalité sociale, et d’une réalité attaquée par le rêve, il fabrique une langue capable de réarmer la nécessité vitale de nos jours : celle de la vengeance.
(…) Par décollement – entre l’usage onirique, rimbaldien, et l’emploi concret, réaliste –, par frottement aussi, les langues lèvent tour à tour les mondes pour les mettre face à face : on glisse d’une langue à l’autre, de l’épique au dramatique, et du poétique au narratif, pour fabriquer des voies de passages. Le montage parallèle met en vis-à-vis deux réalités, en les mettant en mouvement comme des devenirs et des possibles. Le rêve n’est pas l’abri pour se tenir loin du monde – le monde ne nous oublie jamais et sait monter à l’assaut –, plutôt l’instrument de la reconquête.
Ce qui importe tient aux seuils franchis successivement, pas aux vérités qu’on trouverait dans la langue haute et qui mépriserait la langue quotidienne. On passe, ici, comme errent Madame de Fombanel et son fils dans Iskandar. Iskandar ou l’autre nom d’un théâtre qui saccagerait une histoire pour fabriquer depuis ses ruines une langue possible.
C’est toute une allégorie : allégorie poétique de la langue en ruines, allégorie politique d’un monde qui doit en passer par les cendres pour se relever.
Allégorie plus puissante encore d’une Chute à l’envers : pour nommer ce Temps neuf, il suffit dès lors de réécrire la Genèse, en nommant les bêtes comme jadis Adam. Lion d’Europe, lion d’Asie, lion des Steppes traversées, longues litanies des animaux sauvages qui vont peupler la langue comme ils s’échappent et vont peupler toute la ville.
Liste qui fabrique des visions : matérialité concrète de la langue onirique. (…)
Sur un fil, la musique n’est pas posée sur la scène, elle s’en échappe. Les musiciens n’interprètent pas, ils jouent avec les acteurs une musique en dialogue et en tension. Chaque séquence est aussi l’occasion d’une fabrique de la théâtralité au présent : chaque tableau l’enjeu d’une invention des voix et des corps, des présences et des images. (…)
La dignité du spectacle tient à cette rage délicate de demeurer à hauteur d’épaules des vivants (…) »
[Arnaud Maïsetti, L’insensé, 19 juillet 2018]
« Le théâtre de Samuel Gallet vient se placer à l’endroit exact de la déchirure. Entre le rêve et la réalité, il n’y aurait pas, d’un côté, l’inefficacité, et de l’autre, l’action. Il n’y aurait pas, d’un côté l’arbitraire, et de l’autre, la raison. Il n’y aurait pas, d’un côté, l’art, et de l’autre, la politique.
Si la tâche de l’écriture est de se situer dans la déchirure, c’est pour travailler en elle l’enjeu de la reconquête. Dès lors, la fable qu’on nous racontera devient le territoire de son processus, et son drame véritable paraît peu à peu celui de son élaboration.
Faire du rêve l’espace concret qui rendrait la vie possible de nouveau : faire assaut contre la réalité par la rêve qui viendrait lui donner forme et vérité.
La femme a dans son rêve formé le désir du désastre qui la sauve : Eskandar détruit, un nouveau monde se lève. Celui des ruines et des dangers, des lois disparues, du chaos (…)
Le monde est rendu à une sauvagerie primitive, bestiale et sublime. On est à l’orée des temps, qui sera sans doute celui des derniers jours, ceux des bêtes et de la jungle. »
[Arnaud Maïsetti, Théâtre public, n°237, novembre-décembre 2020]
« Dans deux de ses pièces Visions d’Eskandar et La Bataille d’Eskandar (Editions Espaces34), Samuel Gallet nous plonge dans un monde parallèle totalement détruit dans lequel la nature reprend ses droits. Une sorte de théâtre d’espaces abîmés dans lequel les ruines sont aussi le lieu de ce qui peut émerger de nouveau.
L’enjeu y réside dans l’ambivalence de la catastrophe, un « théâtre des possibilités » avec, en toile de fond, un rapport à l’écosophie de Félix Guattari qui invite à relier l’écologie environnementale à l’écologie sociale et mentale afin de regarder nos vies et manières d’être en société sur cette planète.
« Le savoir ne va pas nous libérérer. L’espace du théâtre est celui du sensible, une tentative de rendre compte dans les corps du caractère inédit de ce qu’on est en train de vivre. » »
[Thomas Flagel, Théâtre(s) n°33, printemps 2023]
Traduction en turc par Reyhan Ozdilek.
Mise en voix en turc, surtitré en français, dirigée par Mark Levitas à l’Institut français d’Istanbul, le 6 octobre 2017.
Création au Préau-Centre dramatique de Normandie-Vire sous forme de poème dramatique dans une interprétation de Samuel Gallet et Pauline Sales, et composition musicale et instruments Aëla Gourvennec et Grégoire Termois, à St Siméon (Normandie), le 26 février 2016.
Tournée 2016
— Du 1er mars au 12 mars 2016 dans le bocage normand avec notamment du 9 au 11 mars au Préau à Vire
Avignon 2018
— Théâtre des Halles, juillet
Tournée 2019
— L’Arc, Scène Nationale du Creusot (71), le 7 novembre
— Théâtre du Périscope, Nîmes (30), le 26 novembre
Création sur France Culture, Fictions, dans une réalisation de Laure Egoroff, avec les élèves comédiens de la 76e promotion de l’Ensatt, le 14 mars 2017.
Rediffusion le 23 octobre 2021.
Lecture lors des Lundis en coulisse du Théâtre narration, Lyon, le 29 janvier 2018.
Lecture aux Lundis en coulisse de la compagnie Les Encombrants, sélection par Gislaine Drahy, Théâtre narration, à Dijon, le 23 avril 2018.
Création sous forme marionnettique par la compagnie Arnica dans une mise en scène d’Émilie Flacher
Interprétation et manipulation : Anaïs Aubry, Alika Bourdon, Enzo Dorr, Manon Gautier, Raquel Mutzenberg-Andrade, Teresa Ondruskova, Améthyste Poinsot
à Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières (08), du 18 au 25 juin 2021.
Tournée 2021
— Festival mondial des arts de la marionnette, Charleville-Mézières, les 23 et 24 septembre 2021