Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.
ISBN : 978-2-84705-073-8
EAN : 9782847050738
13x21cm, 72 p., 12 €
2 femmes, 1 homme et 5 comédien(ne)s pour 10 rôles au moins
ouvrage publié avec le soutien du Centre national du livre et de la Communauté française de Belgique
2010
Permafrost : de l’anglais permafrost. Désigne un sous-sol gelé en permanence, au moins pendant deux ans. Ni racines, ni animaux ne peuvent pénétrer le vrai permafrost. Là où il est présent depuis plusieurs cycles glaciaires le permafrost peut être épais de plusieurs centaines de mètres.
L’homme apparaît, bloc minéral, silencieux, à peine humain. Le jour il erre sur les routes, le long des voies ferrées. La nuit, dans une immense fabrique, il surveille les machines. Il se couche contre les calandres, aime le contact du métal et de la rouille. Tout ce qui est dur le rassure. Et la certitude des machines toujours vient l’apaiser.
Il revient chaque nuit devant l’immeuble d’une jeune fille endormie. Il grimpe à l’étage et il voit, par la fenêtre, le corps de la dormeuse. Il joue à caresser de son ombre les hanches, le flanc, la nuque, le visage de la jeune femme, et redescendre et remonter tout le long de ce corps exposé. Il ne dit rien, puis il s’en va errer le long des routes, intranquille fantôme, incapable d’habiter cette vie autrement…
La jeune fille le sent venir chaque nuit. Lui, et ce qui vient avec lui : en même temps ce désir et cette peur, comme depuis son enfance ; l’homme, ce mystère déjà dans l’obscurité de sa chambre.
Mais tout cela nous est conté par la voix d’une autre femme, témoin, attentive, qui peu à peu prend le pas sur ce qui survient. Et la rencontre de l’homme et de cette femme-là peut, semble-t-il, survenir.
Comme une tentative d’une histoire à deux. Comme la mise au monde de quelque chose de plus grand que soi.
« Il s’agit d’une histoire d’attirance et d’amour impossible.
(…) On assiste à la chronologie de cette peur et de ce désir qui donnera naissance à une romance passionnelle. »
[L’avant-scène théâtre, n°1306, 15 aoà »t 2011]
« Permafrost est une allégorie de l’introspection, de l’exploration des ténèbres.
Un Homme solitaire, dissimulé derrière sa force apparente, un homme parmi les machines de l’usine. Un être que l’on croit mort alors que les machines vivent. Son langage, sa conscience en sont altérés.
Ce spectacle scrute avec finesse l’intime des êtres que l’on déshumanise au gré de l’hégémonie de la machine. La solitude imposée aux esprits que l’on soumet à la seule mécanisation, à l’automatisation. (…)
La mise en scène de Permafrost trace le chemin initiatique d’un homme qui se perd dans les arcanes du sentiment amoureux, du sentiment quel qu’il soit.
Avec Permafrost, Marie-Pierre Bésanger signe là un tableau délicat, nuancé, vibrant, de murs à dépasser, ceux de la peur, ceux du silence, ceux des préjugés. La sobriété de la mise en scène, la scénographie significative et mesurée contribuent à laisser émerger la poétisation d’un regard d’observation sociale.
[Sabine Dacalor, Grapsimostyle, 8 octobre 2014]
« Marie-Pierre Bésanger rend concrète l’écriture ciselée de Pereira et sa mise en scène minimaliste, toute en nuances, recrée une vie authentique correspondant « aux mondes du travail », thématique de rentrée à la Maison des métallos.
Permafrost est un spectacle original, élégant et d’une grande pudeur, parmi tous ceux qui traitent ce thème.
[Mireille Davidovici, Théâtre du blog, 9 octobre 2014]
« Une usine qui n’arrête pas de tourner dans une banlieue sans nom. Un espace nu, sans porte, sans mur où l’on passe sans s’arrêter. On vient ici en aveugle, imperméable à tout, presque gelé. Dans ce lieu sans oxygène, sans sourire, sans chaleur humaine, on devient sans voix, sans mot, sans horizon. Dans cet univers-là les vivants sont comme des choses, des pierres, des figurants.
Et puis il y a cette fille qui feuillette les pages de son histoire. Il y a cette fille, aux pieds nus avec juste sa pudeur. Et une longue table de formica vert avec des gens autour et des rideaux de plastique opaques pendus au-dessus de la poussière noire.
Il y a surtout cette fille au visage émacié qui n’en finit pas de plonger dans le regard de cendre d’un homme qui dérive (…)
Marie-Pierre Bésanger signe ici un spectacle poétique sur notre classe ouvrière qui fond sans savoir ce qu’elle deviendra.
L’écriture de Manuel Antonio Pereira nous immerge parmi ceux qui foulent la poussière sous les néons. Il nous fait partager cette hésitation entre désir et désespoir et nous précipite sur cette frontière du réel et de la fiction, qui décidément est bien fragile. »
[Anna Grahm, Un fauteuil pour l’orchestre, 9 octobre 2014]
« La parole de la narratrice coule doucement comme les larmes d’une femme émue et, en face d’elle, le bloc de chair et les silences de l’Homme forment ensemble une atmosphère prégnante qui nous attire dans son ressac.
La part de sensualité et les échappées vers le fantastique font aussi la force de l’écriture de Pereira. »
[Jean-Pierre Thibaudat, Rue89, 12 octobre 2014]
Pièce écrite durant la résidence de l’auteur au Literarische Colloquium Berlin (de février à avril 2010).
Mise en espace dans le cadre des Transatlantiques, Festival Zones Théâtrales d’Ottawa, par Marie Pierre Bésanger, le 17 septembre 2011.
Dans le cadre des Nouvelles Zébrures, manifestation littéraire annuelle du festival des Francophonies, lecture dirigée par Marie-Pierre Bésanger, Maison des Métallos à Paris, le 17 mars 2012.
Coup de cœur du comité de lecture du Théâtre de la Tête noire, Saran.
Mise en lecture dans le cadre de Text’avril le 31 mars 2012.
Lecture-mise en espace de Marie-Pierre Bésanger, Théâtre Marni (Bruxelles) et Maison des Métallos (Paris), 21 et 22 février 2013.
Permafrost reçoit le Premier Prix des Metteurs en scène attribué par deux jurys, l’un composé de metteurs en scènes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’autre de metteurs en scène étrangers en février 2013. Ce Prix est organisé par le CED (Centre des Ecritures Dramatiques), à Bruxelles, tous les deux ans.
Création dans une mise en scène de Marie-Pierre Bésanger, Bottom Théâtre, avec Marie Pierre Bésanger,
Agnès Guignard,
Gaëtan Lejeune,
Philippe Ponty,
Romane Ponty-Bésanger,
Laurent Rousseau,
Stéphane Schoukrou
— Théâtre de Bellac et Théâtre de l’Union, Limoges : du 27 septembre au 2 octobre 2014 dans le cadre des Francophonies en Limousin
— Maison de métallos, Paris, du 7 au 19 octobre 2014
Tournée 2015
— Théâtre de Bourg en Bresse, 27 et 28 janvier
— Théâtre de Fontenay-sous-Bois, 3 février
— Les Vivres de l’art, Bordeaux, 18 et 19 septembre
— Uzerche (19), 1er et 2 octobre