Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Gagarine marche

2. quelle que soit la musique et même hors champ
deux gardiens veillent au temps

– tu pourrais téléphoner léguer deux secondes ?
t’as juste à ouvrir la porte le bureau je suis à côté
cette semaine on a déjà travaillé jusqu’à la fin de la semaine
on est mardi qu’est-ce qu’on fait ?
on ne va pas prendre les calendriers
on les prend pas ?
oh tu me regardes comme si tu comprenais
– tu fais peur avec ton éventail
– personne ne vient aujourd’hui je me suis renseigné
– attends dans le casque tout le monde parle trop fort en simultané
en demandant fort aussi si je comprends ce qu’on me dit
– première extinction massive causée par super nova ?
plus ils sont grands plus ils vivent moins
après ça peut détruire les planctons qui peuvent détruire les poissons ça détruit la chaine alimentaire tu vois ?
– non
– t’as le cerveau paralysé ?
et quand y avait la disparition des dinosaures et des insectes morts ?
tous carnivores encore plus tu te rappelles ?
faut pas trop vite donner ton cÅ“ur hein ?
– va te nourrir pour pas mourir trois fois par jour et boire
– plus il fait chaud plus la terre plane


9. votre training rituel c’est mantra où que vous soyez

hop on enchaîne on pense loin sur les côtés pour ouvrir les omoplates lâche le bras droit reviens juste au-dessus en couleurs vers l’intérieur fléchissement pour aller chercher loin transfère le pied qu’on repousse pied qu’on repousse va chercher derrière par le talon repousse par la jambe gauche pour élever reviens
lâche le bras zoom le bassin reste droit dans la spirale et on repart à gauche sans se tourner
on a un peu tendance à tourner il faut trouver cette extension-là sans être tendu en haut attention à la position de tes pieds dans le sol pars pas trop avec le bassin mets ta main sur le plexus à la fin de ton sternum on pense que les côtes descendent et que le sternum monte le bassin n’a pas bougé c’est vraiment une direction de l’os quand il s’étire là-haut et englobe tout ce que tu as de courbe à l’intérieur garde la courbe quand tu déplaces le dos tu vas amener tes épaules par les oreilles c’est plus du tout la même sensation au sol quand tu lâches la tête y’a plus de plis dans le dos on va en parler hein tu appuies dans les petits doigts tu suspends et lâche
quand tu marches


11. l’homme compétent et sa panoplie

– je regarde si vous voulez si vous avez des solutions rapidement
eh oui les mains libres en fait c’est vous qui décidez
c’est qu’en effet vous êtes à un moment où il faut
la balle est dans votre camp vous avez de la chance
vous savez la chance
cent grammes dans la balance
parce j’essaye au maximum de laisser une marge
– et c’est beaucoup plus cher pour résumer si j’ai bien compris
– c’est parti vous êtes validée
– ce qui fait quoi exactement ?
– que je vous vois carrément dire oui
vous n’êtes pas disponible dans ce rôle-là ?
– je ne voudrais pas baisser les bras mais l’expert il vous dit attention faites le minimum
c’est principalement ce que je fais par ailleurs
– Ã§a prend d’un coup inexplicable comme la chair de poule
c’est ce qui survient au moment on ne s’attend pas à être soi-même acteur
Je vais vous marquer à des degrés que vous pourrez juger d’être à la hauteur ou pas
si je vous dis que le sang je ne le vois pas que je ne peux pas égorger un poulet
si vous avez l’occasion je vous souhaite d’approcher plus près que je vous propulse aux nues dans un au-delà d’avoir la gorge émue
– j’ai le cÅ“ur de toutes mes forces
les battements
il se passe quelque chose
– il se passe quelque chose
– vous êtes assis ne bougez pas
– mon cÅ“ur bat
– qu’est-ce que tu sens tu ne sais pas ?
– la peur l’éblouissement
140
220
– c’est la peur incontestablement
– Il se passe quelque chose
– parce que ça vient sur toi tu peux pas t’enfuir
le son arrive sur toi dans ton corps
infra basse à plusieurs kilomètres sur ton corps
pression garantie le concert rock en gras
ça retombe sur toi
les torrents de fumée qui te frappent
alentours les crapauds explosent
ça bat
ça se bat en moi
voyez que c’est la pagaille
je veux devenir cardiaque
ça drache en tenace ça pulse
– partez vous n’y pouvez rien
– voilà c’est démarré
vous entendez les clarines ?
– je ne vois rien c’est son flottement qui m’attire c’est une constante c’est une catastrophe voyez elle m’emmêle doucement ah tout de suite l’empoisonnement
très près je m’y vois quand même quand elle me frôle elle me touche c’est un jeu pour m’amener au bon endroit je la vois de tous les côtés hop elle dilue il faut que j’ y aille
je suis quand même oui ça fait partie il faut quand même que je me rattache
même si je suis entre guillemets plus ou moins je suis fusillé elle m’arrive de biais parce que je ne suis pas tout à fait mort elle m’arrive à deux cents kilomètres dans la chair ça y va
du premier coup jusqu’à la garde là elle a son monument elle m’élève dedans
(…)

Un court extrait lu par l’autrice

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