Essais et pièces rendant compte de la grande variété de formes du théâtre du XVIIIe siècle
ISBN : 2-84705-037-X
EAN : 9782847050370
15x23 cm, 360 p., 23,60 €
Index des airs employés, reproduction des partitions des vaudevilles des Italiens.
Ouvrage publié avec le soutien du Ministère délégué à la recherche de l’éducation nationale, et de la région Pays de la Loire (Université de Nantes)
2007
sous la direction de Françoise Rubellin, professeur à l’Université de Nantes, et responsable du Centre d’études des théâtres de la Foire, au sein de l’équipe Textes, Langages, Imaginaires.
Avec les contributions de Pauline Beaucé, Céline Bohnert, Loïc Chahine, Nazin Lebdai, Benjamin Pintiaux, Bertrand Porot, Aude Rabillon.
Préface de Françoise Rubellin.
Ce volume comprend le livret de La Serre de 1726 (musique de Rebel et Francoeur), la parodie de Romagnesi et Riccoboni (Comédie-Italienne) 1726, la parodie de Favart (Foire Saint Germain), la parodie pour marionnettes Le Quiproquo ou Polichinelle Pirame de Valois d’Orville (Foire Saint Germain), la parodie anonyme Polichinelle Pirame, la parodie de Riccoboni de 1759 et une scène critique de l’opéra, extraite des Noces de Pluton et Proserpine de Fuzelier.
Sont également proposées les partitions de tous les airs (avec les paroles) de la parodie italienne Pyrame et Thisbé de 1726.
Le mythe de Pyrame et Thisbé fut longtemps l’un des plus célèbres en Europe, spécialement du XVIe au XIXe siècle. Il inspira à Shakespeare, la même année, Roméo et Juliette et Le Songe d’une nuit d’été.
Théophile de Viau, Pradon, Puget de La Serre donnèrent trois tragédies sous ce titre au siècle suivant.
Source infinie d’inspiration pour les beaux-arts en Europe, il fut illustré notamment par les peintres Poussin, Leclerc, Van Dyck, Bramer, Hondius ; il orna toutes sortes de supports.
Pourquoi une telle fascination depuis Ovide ?
Au XVIIIe siècle, à peine un opéra a-t-il été représenté à l’Académie royale de musique de Paris, qu’il est parodié à la Comédie-Italienne ou dans les théâtres de la Foire. Après avoir pleuré à la tragédie en musique, le public s’empresse de rire lors de sa reprise burlesque avec Arlequin ou Polichinelle.
En 1726, deux jeunes violonistes, Rebel et Francœur, s’associent au librettiste La Serre pour donner une tragédie en musique, Pyrame et Thisbé, à partir d’un mythe célèbre à l’origine de Roméo et Juliette. Cet opéra rencontre alors un vif succès, comme en témoignent, consécration paradoxale, les multiples parodies qu’il inspire à ses contemporains. Si une parodie se savoure par rapport à l’œuvre qu’elle prend pour cible, s’y ajoute le plaisir de la lecture en série : dans les cinq que nous publions, on verra que le monstre de l’opéra devient selon les auteurs un cerf, un lion, un loup, un trio médical...
Ces parodies toucheront aujourd’hui aussi bien des comédiens, des metteurs en scène, des musiciens et musicologues, des amateurs de théâtre, que des lecteurs prêts à rire, tout simplement.
TABLE DU LIVRE
Préface, par Françoise Rubellin
"Pyrame et Thisbé, du mythe à l’opéra", par Céline Bohnert
"Comment lire le livret de Pyrame et Thisbé ?" par Benjamin Pintiaux
"Les danses dans Pyrame et Thisbé", par Bertrand Porot
LIVRET
LA SERRE, Pyrame et Thisbé
Notice de Nazim Lebdai
PARODIES
RICCOBONI ET ROMAGNESI, Pyrame et Thisbé, 1726
Notice : Pauline Beaucé et Aude Rabillon
ANONYME, Parodie de Pyrame et Thisbé
Notice : Françoise Rubellin
FAVART, Pyrame et Thisbé, 1740
Notice : Aude Rabillon et Pauline Beaucé
VALOIS D’ORVILLE, Le Quiproquo ou Polichinelle Pyrame, 1740
Notice : Pauline Beaucé
RICCOBONI, Pyrame et Thisbé, 1759
Notice : Pauline Beaucé et Aude Rabillon
ANNEXES
Le décor de Servandoni
Acteurs et danseurs de l’opéra
Lettres de La Serre
Extrait des Noces de Pluton et Proserpine de Fuzelier et d’Orneval
Extrait de La Parodie au Parnasse de Favart
Tableau comparatif des scènes parodiées
Cantate de Fuzelier
Appendice musical, par Loïc Chahine
Index des airs
Extraits de presse
(...) L’ouvrage collectif que font paraître les éditions Espaces 34, et qui a suscité la recherche des équipes dédiées de l’Université de Nantes, au moment où Angers-Nantes Opéra programme l’ouvrage baroque (mai 2007), s’intéresse à la signification de l’opéra à son époque.
L’équipe interroge le texte authentique et ses multiples remaniements au travers de ses reprises, à ses avatars burlesques aussi, puisque la partition fut comme tous les opéras à succès présentés sur la scène de l’Académie Royale, sujette à parodies et délires bouffons (jusqu’en 1759) : Pyrame y devenant même, un Polichinelle bossu et bedonnant... bien éloigné de la figure de l’amant tragique originel. Chacune des parodies connues et ici révélées, est l’objet d’une publication commentée, critique, soulignant par les "détériorations" infligées au texte original, les phénomènes du goà »t de l’époque, sous le règne de Louis XV. Le matériel des cinq parodies passées au crible, démontre l’inventivité des "parodieurs"(Riccoboni, Romagnesi, Favart, Valois d’Orville...) : une accumulation de références épinglant avec verve et cynisme, les scandales du temps, les cabales et les débats de la place publique. Chaque texte parodique met en avant selon l’intention des auteurs, les trois aspects identifiés de l’opéra de Francoeur et de Rebel : "l’intrigue sentimentale", "le merveilleux", "la méprise tragique finale" (qui mène les deux héros au double suicide). En filigrane, de nombreuses pointes affà »tées sont dirigées contre le système en place, ce genre officiel qui à toutes les époques a suscité de multiples débats critiques.
(...) De bout en bout, au travers de ses trois grandes parties ("Livret", "Parodies", "Annexes"), l’ouvrage collectif analyse avec argumentation et acuité, la signification d’un opéra à succès et de ses détournements multiples. C’est évidemment toute une situation du goà »t qui est ici restituée. La tragédie lyrique comme spectacle royal suscite critiques, quolibets, défenses (dont celle du librettiste La Serre lui-même dont les lettres de novembre 1726, sont reproduites)... Les parties constitutives de l’original sont étudiées (importance des danses, "comment lire le livret de Pyrame et Thisbé ?",...).
Le livret de La Serre est également annoté ; toutes les modifications apportées au cours des reprises, ajoutées et mises en comparaison... De même pour les textes des cinq parodies recensées.
Eloquence du travail d’équipe, valeur de la découverte sous le prisme de ses propres avatars... que demander de plus ? Lecture incontournable.
[Pyrame et Thisbé par Adrien De Vries, 17 juin 2007, classiquenews.com]
« Toutes ses parodies, sont évidemment drôles... En plus, elles nous offrent une vision complètement nouvelle du mythe et du théâtre au XVIIIème siècle. Vous n’êtes pas convaincus ? Sans doute vous connaissez Atys... Françoise Rubellin a déjà édité un volume, Théâtre de la Foire : Anthologie de pièces inédites, dans lequel figure à la toute fin une parodie d’Atys. Cybèle, la « grand-mère des dieux », vient sur terre pour choisir une résidence secondaire près de Paris, à la campagne, et elle doit désigner... non, pas un sacrificateur : un jardinier ! Vous voyez bien : une toute autre vision que chez le grand Lully... »
[Loic Chahine, Muse baroque, 3 aoà »t 2007]
« Françoise Rubellin dont les remarquables études sur Marivaux sont bien connues, a créé et anime avec dynamisme, à l’Université de Nantes, un groupe de recherches sur les parodies d’opéra au XVIIIe siècle. Elle publie les travaux de cette équipe dans une collection qui est en pleine activité et nous réserve encore de belles découvertes.
Pendant longtemps, les parodies des opéras ont suscité une certaine indignation devant un acte sacrilège, ce qui ne les empêchait pas, bien au contraire, de se multiplier. On pénètre donc avec Françoise Rubellin et son équipe dans un domaine d’une grande fécondité.
Pyrame et Thisbé, mythe raconté par Ovide et qui inspira à Shakespeare à la fois Roméo et Juliette et Le Songe d’une nuit d’été, donna lieu à un opéra (livret de La Serre, musique de Rebel et Francœur) qui connut un succès considérable en 1726. Françoise Rubellin donne à la fois le texte du livre de La Serre, et celui de cinq parodies (Comédie italienne, Opéra comique et marionnettes de la Foire Saint-Germain, plus deux parodies non répertoriées jusqu’ici qu’elle a découvertes). Une introduction générale, des notices pour chaque texte, des annexes, des index. (…)
De éditions scientifiques rigoureuses d’œuvres rares, et c’est déjà un immense mérite. Cependant nos deux chercheuses nous livrent aussi des réflexions intéressantes sur les mécanismes de la parodie, leurs techniques, leur signification.
Considérons par exemple les variations que subissent les personnages de Pyrame et Thisbé. (…) Une critique sociale apparaît également : quelle est l’origine de Pyrame, est-il noble, ou n’est-il qu’un bourgeois gentilhomme ? La remise en cause de la dramaturgie de l’opéra risque de bousculer les conventions sociales avec une liberté que n’a pas l’Académie royale de musique. Comme souvent, les débats esthétiques ont aussi une dimension politique. D’où leur enjeu et la passion avec laquelle s’opposent le Pour et le Contre. Ici, La Motte qui met en lumière les dangers de la parodie, tandis que l’abbé Sellier et Fuzelier défendent sa légitimité. (...) »
[Béatrice Didier, Europe, janvier-février 2010]