Cette collection, créée en mai 2009, accueille des écrivains déjà publiés dans d’autres collections et de nouveaux écrivains. Elle s’adresse aux enfants du primaire et du début du collège, les textes pour adolescents étant publiés dans les collections Théâtre contemporain et Théâtre en traduction. Elle est aussi tout public.
Début
– 1-
Bleu
« C’est ton premier jour d’école »
Maman a dit
Oulala
C’est grand
Ciel ouvert
Maman
Elle tient encore ma main
Au chaud
Et moi
Petit cloche pied
Saute caillou
Je suis
Le chemin
– 2-
Vert
Le couloir
Il est serré
Maman
Elle dit
« Ne pleure pas »
Mais moi
A peur pas
Non
« Assieds-toi »
Elle dit
A stop
Là
Sur le banc en petit bois
Maman elle aide moi
Scratche mes chaussures
Glisse mon pied dans le chausson
Et puis
Accroche au porte-marteau
Mon sac à dos
« Dedans il y a ta gourde d’eau et ton doudou d’éléphant tu n’oublieras pas »
Bisou
Smack
De maman
(...)
Plus loin
– 17-
Noir
Maintenant
« Il faut fermer les yeux »
C’est la dame-elle-aide-la-mitresse
Elle dit
« C’est l’heure de faire dodo »
Dans mon lit en petit bois
Moi
A pas le sommeil
A tourne sur moi
Avec mes jambes à l’air
Où l’est mon doudou d’éléphant
La dame-elle-aide-la-mitresse
Elle fait
« Chut maintenant »
Et puis
« Tiens le voilà »
Et dans le lit du à côté du mien
La fille-elle-parle-beaucoup
Maintenant
Elle fait tout silence
Et avec sa bouche
C’est le bruit du vent
A tourne encore
Petit peu
Dans tout le sens
Le garçon-il-pleure-toujours
Des fois
Il dit
« Maman »
Moi aussi
J’ai mon doudou d’éléphant
Il est très fort
Avec moi
Le parfum Maman
Le sommeil
Il va venir
Et puis
Me raconte une histoire
« Écriture remarquable.
Point de vue original. »
[Salon du livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, Kibookin, septembre 2024]
« Voici un très joli texte de Fabien Arca. Ce Petit parleur est un garçon que l’on suit tout au long de sa première journée d’école pour son entrée en maternelle.
C’est un petit bonhomme silencieux. Les mots se bousculent dans sa tête. Au rythme de ses émotions, tellement immenses. (…) Cette journée n’est qu’une succession de premières fois. (…)
Fabien Arca se glisse dans la tête d’un tout petit. Il écrit à hauteur d’enfant.
C’est un texte impressionniste, rempli de silences, de suspensions, de visions tout en couleurs, de sons étranges, de déflagrations d’émotions et surtout avec une invention de langage qui lui confère une grande poésie.
Les mots à cet âge-là sont encore à conquérir, ils ne sont pas bien rôdés. La langue qu’invente Fabien Arca regorge de trouvailles. (…)
Ce court texte est une bouffée d’enfance. Et un petit livre tout précieux »
[Laurence Cazaux, Le Matricule des Anges, n°257, octobre 2024]
« Il va à l’école, pour la première fois, avec sa maman, et ce petit parleur dit ses émotions, ses joies, ses peines tout au long de cette journée exceptionnelle, en 23 courtes séquences qui sont autant de monologues, ou de soliloques intérieurs. (…)
C’est un texte d’une grande poésie, qui vient d’abord de la langue de cet enfant. Il écorche gentiment certains mots. Ainsi la récréation devient la récrémation, la table ronde devient la table monde, ouvrant à une autre vision du monde.
Ainsi sa particulière et pittoresque façon de désigner les autres enfants, le-garçon-il-est-triste ou la fille-elle-parle-beaucoup, ou encore les autres adultes comme la dame-elle-donne-les-plats ou la dame-elle-aide-la-mitresse. (…)
Si tout est nouveau pour lui, la force du texte est de nous faire sentir à quel point cette première journée de classe, pleine de rituels inconnus, d’enfants et d’adultes inconnus, est la plongée dans un univers angoissant malgré la bienveillance d’adultes. Le Petit parleur est souvent aux bords des larmes (…)
On le voit, les métaphores du texte ont une réelle force poétique et émotive, mais aussi créatrice de l’imaginaire de l’enfant muré dans son silence extérieur, mais qui a une riche vie intérieure faite d’émotions, de sentiments, de ressenti…
Si le texte joue sur l’émotion, il n’est en rien sombre.
Cet éveil au monde a quelque chose de lumineux, presque comme une seconde naissance, parfois douloureuse, qui fait entrer dans un monde où le seul lien n’est plus celui de la maman, dont l’absence se fait cruellement sentir, mais celui de tous les autres qu’il faudra apprendre à nommer, à connaitre. «
[Michel Driol, Lietje, 20 novembre 2024]