Éditions Espaces 34

Théâtre du XVIIIe siècle

Essais et pièces rendant compte de la grande variété de formes du théâtre du XVIIIe siècle

L’École des bourgeois
suivi de L’Embarras des richesses

EAN : 9782847050127

13 x 21 cm, 192 p., 16 €
3 femmes, 10 hommes /
3 femmes, 11 hommes, figuration
Ouvrage publié avec le soutien du Centre national du livre

2006

Présentation de Martial Poirson.

Cet ouvrage comprend deux comédies qui, au-delà de leur variété formelle, ont en commun une critique mordante, une verve satirique et féroce.

 L’École des bourgeois, est une comédie de mœurs destinée au Théâtre français, inscrite dans la tradition moliéresque et post-moliéresque ;
 L’Embarras des richesses, est une comédie allégorique à caractères épisodiques et mythologiques, avec un attachant personnage d’Arlequin.

Ces pièces annoncent la comédie bourgeoise du XIXe siècle.

L’Ecole des bourgeois (1728)
Mme Abraham, riche marchande et usurière à ses heures, a décidé de marier sa fille Benjamine au Marquis de Moncade. Elle est toquée de sa qualité et, comme il est criblé de dettes contractées envers elle, elle est assurée de parvenir à ses fins. Elle reprend l’engagement qu’elle avait pris envers Damis, un petit robin, cousin et amant de Benjamine. Mathieu, frère de Mme Abraham, qui a épousé une femme de qualité et s’en est fort mal trouvé, tente de la dissuader de poursuivre ce projet. Mais Benjamine abandonne Damis sans trop de remords et le cynique Marquis parvient, à force d’amabilités, à retourner l’oncle Mathieu. Mme Abraham se passerait bien volontiers de convier toute sa parentèle bourgeoise, qui déparerait la noble noce, mais le Marquis insiste pour que tout le monde soit présent, notaires, procureurs, commissaires, marchands... Il compte en réalité s’offrir le divertissement joyeux de cette galerie de ridicules et le faire partager à ses amis. Au dernier moment, une lettre égarée révèle aux bourgeois qu’ils sont la dupe d’un noble escroc, cynique et intéressé, qui se moque d’eux. Damis peut alors épouser Benjamine.

L’Embarras des richesses (1725)
Pamphile charge son valet Trivelin d’une lettre pour son amante Florise. Trivelin rencontre en chemin son ancien ami Arlequin auquel il donne rendez-vous au cabaret. Celui-ci, tout occupé à son amour pour Chloé, et qui n’a pour tout bien qu’un petit jardin, chante et se réjouit tout le jour, ce qui a le don d’incommoder le financier Midas, son voisin. Il cherche à lui faire entendre, mais sans succès, que vivant dans la plus grande pauvreté, il ne peut être heureux. Plutus, qui veut en faire un de ses adorateurs, lui confie alors un trésor qui le plonge dans les soucis, éclipse Chloé, qui pourtant lui donne des preuves de son attachement, et lui fait perdre instantanément toute sa joie. Après mille embarras directement liés à la possession de ce trésor, il rend l’or à Plutus, épouse Chloé, cependant que Pamphile se marie avec Florise.

Extrait de presse

« Martial Poirson continue son patient et remarquable travail d’exhumation du répertoire comique d’Ancien Régime en publiant deux pièces d’un rival malheureux du philosophe de Ferney, Jean Christine Soulas d’Allainval.
Les deux œuvres réunies dans la présente édition, L’École des bourgeois et L’Embarras des richesses, permettent à leur auteur de sortir de l’oubli et de retrouver son rang parmi des contemporains plus illustres comme Dancourt ou Lesage. (...)

Avec la première comédie de ce recueil, l’abbé d’Allainval se distingue largement au-delà du cercle des épigones zélés de Molière. Sur fond d’intrigue matrimoniale, on y voit en effet un petit-maître, le marquis de Moncade, risquer la mésalliance pour éponger ses dettes, en demandant la main d’une Benjamine tout aussi naïve que l’Agnès de l’École des femmes (...) en empruntant un canevas convenu, sur lequel elle greffe des types connus, la pièce se joue néanmoins avec brio de ceux-ci dans leur combinaison, comme en témoigne du reste sa représentation ininterrompue à la Comédie-Française jusqu’en 1830 et sa reprise dans la première moitié du XXe siècle. Elle met en effet à jour de manière éclatante l’irrésistible ascension de la bourgeoisie au moment des Lumières. En bonne comédie de mœurs, typique de cette époque, l’œuvre d’Allainval offre certes une fin résolutive mais prend également acte de la suprématie des puissances de l’argent puisqu’au final les Moncade et les Abraham restent en affaires. (...)

De son côté, L’Embarras des richesses, écrit en 1725 pour le Théâtre-Italien, présente le versant symbolique de cette nouvelle réalité sociale et économique. (...) Le dramaturge a donc cette fois-ci recours à l’allégorie pour tenter d’éclairer la nouvelle réalité financière de son temps, alors que le souvenir de la banqueroute de Law reste vivace dans tous les esprits. (...)

Le prologue de chaque pièce, où l’auteur se met lui-même en scène, notamment celui de L’École des bourgeois, resté jusqu’alors inédit et que Martial Poirson a le mérite de publier pour la première fois, permet de comprendre la dure condition du métier d’homme de lettres, sur laquelle Beaumarchais réfléchira par la suite en rendant un hommage indirect à d’Allainval. »

[Romain Jobez, Revue d’histoire du théâtre, 2007-4]

Vie du texte

Lecture de L’École des bourgeois par Aurélie Rusterholtz, à l’Espace 44-Le Grand T, dans le cadre d’un partenariat avec l’Université de Nantes, le 18 décembre 2007.

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