Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Issues

ISBN : 978-2-84705-130-8
EAN : 9782847051308

13x21cm, 96 p., 14,50 €
5 hommes

Ouvrage publié avec le soutien du Centre national du livre

2016

Boris, jeune écrivain, vient animer un atelier d’écriture en prison. Quatre détenus acceptent d’y participer. L’ambiance, au début tendue, ne facilite pas la pratique des exercices littéraires mais, au fil des séances, un univers poétique se construit malgré l’enfermement, la violence et les incompréhensions burlesques.

Résolus à inventer une histoire de mafieux meurtriers, avides de pouvoir et profondément machistes, les détenus s’émancipent peu à peu de l’emprise de Boris. Ils réécrivent la pièce d’Aristophane Lysistrata, se travestissant en femmes casseuses de grève, et questionnent dans un poème lyrico-comique la démocratie et ses exclus.

Distinctions

Sélectionné par le Bureau des lecteurs de la Comédie Française en 2015.


Sélectionné pour La moisson des Auteurs, revue Actes du théâtre n°60, Entr’actes, avril 2016


Pièce sélectionnée par le comité de lecture du Théâtre de l’Ephémère, Le Mans.

Extrait de presse

"Un poème lyrico-comique où le burlesque contient un questionnement sur la démocratie et ses exclus."

[L’Avant-scène Théâtre, n°1408, août 2016]


"Une très belle pièce, humaine, située, concrète, sans leçon mais profonde et engagée, qui questionne la place de la poésie dans des espaces où elle semble, plus encore que partout ailleurs, inutile et inadvenue.
À lire !"

[Comité de lecture du Panta Théâtre, janvier 2016]


« Samuel Gallet n’a pas froid aux yeux : il interroge sans compromission la nécessité-même de l’écriture dans Issues, pièce brutale et protéiforme qui se souvient d’Aristophane pour mieux délocaliser son Lysistrata derrière les barreaux d’une prison bien contemporaine.

A quoi ça sert, au juste, de lire et d’écrire quand on ne goûte pas la vie ? A quoi ça sert de s’acharner à défendre la poésie ou le théâtre quand l’existence déserte et qu’elle n’est plus faite que de manque et d’étrangeté ?

Boris, le personnage qui anime des ateliers d’écriture en milieu carcéral croit au pouvoir de la langue : si tout lui signifie la vanité de son entreprise, alors, il faut persévérer. Car dans le choc de la rencontre avec les détenus, s’invente un nouveau mode d’action du langage : performer, c’est survivre, et survivre, c’est se rapprocher de l’issue – toutes les issues »

[Guillaume Poix, Laura Tirandaz, Troisième bureau, 21 mai 2015]


« (…) Issues réussit ce petit miracle, de partir de cette antique comédie Lysistrata, certes relativement épargnée par le passage du temps, quant à son potentiel désopilant (rappelons qu’il s’agit de l’organisation par les femmes grecques d’une grève du sexe, destinée à mettre fin à la sanglante guerre du Péloponnèse), pour donner à voir, et à ressentir, l’expérience carcérale, sa violence, sa misère sexuelle, et l’inextinguible soif de liberté qu’elle engendre.

La pièce s’articule en deux parties : les séances de l’atelier d’écriture de Boris, qui a bien du mal à éveiller le sentiment poétique chez les rares détenus présents, puis la réécriture de la pièce d’Aristophane par ces derniers, laquelle figure dans le texte telle quelle, comme si c’était elle qu’il s’agissait, en fait, de publier.

Ce qui fait office de charnière entre ces deux volets, c’est l’intervention salvatrice d’un personnage, le bien-nommé Intrus, qui débarque au beau milieu d’une laborieuse séance de l’atelier pour souligner que personne n’a vraiment envie de jouer cette grève du sexe – comme si eux avaient choisi de devoir s’abstenir ! – et propose de raconter plutôt la cavale de celles qui prennent le parti de rompre la consigne des femmes, volent une voiture, partent à l’aventure.

C’est cette histoire que la pièce des détenus met en scène, dans une langue brusque et urgente, où les rêves lascifs viennent redonner des étincelles de vitalité à ceux dont le morose quotidien a fini par éteindre presque tout à fait le désir de révolte.

On comprend alors que la première partie, malicieusement naturaliste, ne sert en réalité que de prélude à cette réécriture délirante. L’œuvre des détenus n’a en effet à peu près aucun sens cohérent, surtout si l’on cherche à la confronter à son modèle.

Mais là n’est pas l’enjeu : assumant la référence au cut-up, Samuel Gallet nous indique clairement qu’il ne cherche pas à donner du sens, mais bien plutôt à faire voir l’absurdité et la vacuité d’une situation, celle, justement, de détenus à qui l’on demande de faire de la poésie. Le dispositif d’écriture est là pour faire entendre, à travers ce médium littéraire qui leur demeure parfaitement étranger, la voix et l’humanité de ces êtres que l’on enferme sans trop se poser de question.

Et pourtant, on aurait bien tort de se contenter de prendre Issues au premier degré : car ce geste, de faire imploser le canon jusqu’à produire quelque chose qui enfin sonne vrai, n’a rien que d’éminemment théâtral.

[Justin Winzenrieth, Le Souffleur, mars 2016]


« (…) La pièce éditée contient sa propre « fantaisie » à l’intérieur du volume. Boris est le masque de l’auteur : il se présente à ces prisonniers sans ambiguïté, avouant sa totale ressemblance avec Samuel Gallet en qualité d’écrivain et d’animateur régulier d’ateliers d’écriture en prison (p.9). A plusieurs reprises, il s’affirme comme celui qui écrit du théâtre poétique.

S. Gallet, auteur d’Oswald de nuit, n’est-il pas le rockeur poétique ? Boris ne cesse d’ailleurs de citer poètes et poèmes, du grec Rítsos à l’algérien Kateb Yacine, sans oublier la Beat Generation.

La seconde partie du texte est moins un théâtre de personnages mis en situation de dialogue qu’un long poème narratif, nocturne et urbain, aux accents baudelairiens. Les participants de l’atelier d’écriture d’ailleurs, au lieu de se contenter de reprendre la structure de la fable proposée par Boris et par Aristophane à travers la référence à Lysistrata, préfèrent créer un poème de violence tragique et sexuelle. Les femmes « représentées » par des hommes, au lieu de renoncer à faire l’amour à leurs compagnons comme dans le modèle antique, apparaissent comme celles qui s’abandonnent à leur désir, à leurs pulsions criminelles (…)

L’issue est question de solution et de salut. Elle semble en quelque sorte ici être le viatique des prisonniers qui vivent dans un univers fermé où les issues leur sont justement prohibées. Il y a dans la pièce de S. Gallet l’idée sans doute de cette échappée par le poétique. »

Marie du Crest, Le cause littéraire, janvier 2016


« L’écriture permet-elle de s’affranchir du déterminisme social ? Tentative d’échappée par Samuel Gallet.

(…) Par moments [dans la pièce], il y a un temps d’écriture même si C’est vraiment pour te faire plaisir Pinocchio. Surgit parfois un instant de grâce et de joie partagé. La bascule semble possible. Comme si l’écriture pouvait permettre de sortir de l’enfermement. Mais Samuel Gallet joue avec les multiples sens du mot Issues (…) le rebut.

Outre la naissance de l’écriture, ce texte pose avec acuité la question de la place de la culture dans notre société. Il montre de manière drôle et abrupte le clivage existant entre ceux pour qui la culture est essentielle et ceux qui en sont exclus et ne la trouvent en rien nécessaire.

Une tension traverse toute l’écriture, elle nous percute en permanence dans les affrontements entre Boris et les détenus, comme cette discussion au sujet de la poésie. 58 répond à Boris quand ce dernier dit que la poésie c’est simple et qu’il ne faut pas chercher à comprendre mais à ressentir : Mettons si tu veux que le lecteur il rentre dans une librairie un soir (…) il entre dans la librairie encore ouverte au lieu d’aller se mettre une bonne mine avec des potes et il ouvre comme ça le livre de poésie (…) Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ? Voilà ce qu’il se dit le lecteur alors il cogne le libraire Il casse la vitrine Il pisse partout sur tous les livres Et il retourne en prison à l’atelier d’écriture. (…) »

[Laurence Cazaux, Le Matricule des Anges, n°172, avril 2016]

Vie du texte

Lecture dirigée par Benjamin Moreau, lors du Festival Regards croisés de Troisième bureau, le 25 mai 2015.


Lecture au studio Théâtre de la Comédie-Française, dirigée par Laurent Muhleisen, avec Loïc Corbery, Pierre Louis-Calixte, Nazim Boudjenah, Laurent Lafitte, Sébastion Pouderoux, le 29 octobre 2015.


Lecture à l’occasion de la 39e édition du salon La 25e Heure du Livre, Le Mans (72), les 8 et 9 octobre 2016.


Création par la compagnie Je Voudrais Que Rêver, dans une mise en scène d’Alexis Nogueras, avec Léa Clément, Loïc Clément, Emmanuel Dauvillier, Guillaume Martin, Maxime Pichon, Renaud Penlou, Allones (72) et Le Mans, en mai et juin 2018.


Présentation publique en 2018 avant création par Les Eclaireurs compagnie, dans une mise en scène de Simon Le Moullec avec Alexis Fichet, Gilles Gelgon, Giuseppe Molino, Denis Monjanel, Nicolas Richard.

Bout du Plongeoir, à Rennes, 11 mai
Théâtre de l’Ephémère, Le Mans, 24 mai
Chapelle Derezo, à Brest, 22 septembre

Piste d’envol, lecture au Théâtre du Rond-Point, Pars, le 16 octobre 2018.

Création 2018 à La Fonderie, Le Mans, du 17 au 22 décembre 2018

Tournée 2019
— Théâtre Universitaire, Nantes, du 8 au 12 janvier
— Théâtre de l’Hôtel de ville, St Barthélémy d’Anjou, 5 mars

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