Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Extrait du texte

Extrait

... l’envol des grives ... des corneilles ... des choucas ...
... des étourneaux ... des courlis ... des craves ...

 ; et car j’ai dit arrêté net là / stoppé net là / j’affirme désormais que nous avons davantage d’éléments en commun qui ― nous séparent ― qui nous isolent ― qui nous scindent ― les uns les autres que d’éléments en commun qui nous rassemblent les uns les autres ; et car il est temps j’ai dit que nous parlions enfin de tous ces éléments en commun qui ― nous séparent ― qui nous isolent ― qui nous scindent ― les uns les autres au lieu qu’ils nous rassemblent j’ai dit et non j’ai crié nous ne sommes pas humains un jour nous serons humains j’ai crié ; arrêté net là / stoppé net là / je regardais littéralement subjugué l’apparition de ces crevasses dans les nuages le dévoilement de ces trouées des plaies j’ai crié cautérisées par le soleil ; arrêté net là / stoppé net là / je regardais le déploiement de ces champs et j’ai dit n’écoutant alors rien d’autre que les vents traversant ces coteaux sur la pente ; je regardais arrêté net là / stoppé net là / le balancement de ces branchages et de leurs feuillages la magnificence de ces arbres les saules pleureurs et les roseaux qui ne servent à rien d’autre qu’à être pliés vraisemblablement ; j’étais là / stoppé net là / arrêté net là / littéralement subjugué j’ai dit à me fondre dans le paysage et à ne plus rien voir d’autre comme solution autre à tout que cet élan à me fondre totalement dans le paysage balancé moi aussi par les vents charrié j’ai dit et littéralement bercé moi aussi par les vents ; et me laissant alors tanguer dans ces images m’y fondant m’y confondant littéralement et ne voyant alors plus rien d’autre comme solution autre à tout qu’à tendre définitivement vers cet effacement ; et car j’ai dit stoppé net là / arrêté net là / littéralement subjugué dans le paysage les images ne valent plus rien les images n’ont plus d’autre valeur que celle d’Outrage j’ai dit qu’Outrage j’ai crié fait aux hommes tout autant qu’Outrage fait aux animaux ; et car j’ai dit je suis désormais possédé littéralement possédé j’ai crié de toutes ces images qui n’ont plus d’autre valeur que celle d’Outrage qu’Outrage j’ai crié fait et répété qu’Outrage réitéré j’ai crié aux hommes j’ai dit tout autant qu’aux animaux j’ai crié ; et comment donc désormais pourrait-il donc en être autrement j’ai demandé puisque non nous ne sommes pas humains qu’ un jour nous serons humains quand nous serons fondus dans les paysages dévastés fondus confondus et effacés tels des paysages dévastés j’ai dit alors nous serons humains j’ai crié dans l’anéantissement ; et car j’ai dit ne nous faut-il pas nous atteler à faire en sorte de rendre aux images la puissance des images si nous nous attelons j’ai dit à rendre aux images la puissance des images si nous nous attelons j’ai dit à révéler la puissance des images contenue dans les images alors nous libérerons peut-être l’Outrage fait aux hommes tout autant que l’Outrage réitéré aux animaux ; ces hommes agenouillés leurs dos recourbés et ne servant plus à rien d’autre qu’à être pliés vraisemblablement ces hommes agenouillés avant d’être exécutés éliminés proprement liquidés de toute la surface de notre terre les torsades de leurs colonnes vertébrales surgissantes de leurs dos des fractures j’ai crié ; ces hommes rien de moins que des corps traînés sur nos trottoirs dans nos rues au bout de cordes attachés ligotés littéralement harnachés à l’arrière des mobylettes et ces autres hommes rien de moins que des corps accrochés là / suspendus là / pendus là / comme autant d’autres cablures électriques effilochées leurs figures recouvertes de toile de jute ; et des corps et d’autres corps exposés dans nos rues rien de moins que des corps d’enfants enrubannés dans des linceuls blancs rien de moins que des cadavres d’enfants gazés desséchés puis exposés sur nos trottoirs dans nos rues mais argh j’ai crié mais nous sommes humains nous sommes humains j’ai crié et puis non j’ai crié un jour nous serons humains j’ai crié (...)

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